mercredi 18 juillet 2012

Interview de Myra Eljundir, auteur de Kaleb

Voici pour vous une petite découpe dans les 104 commentaires qu’a suscité la rencontre avec Myra Eljundir, auteur du sulfureux Kaleb, sur la page facebook de la collection R…. Attention quelques spoilers !

Karen : comment vous ai venu l'idée de ce livre ? Est ce votre première incursion dans le roman dit YA ? Si oui est ce que l'expérience vous plait et est ce que vous avez l'impression de devoir vous censurer parce qu'il est destiné entre autres à un public adolescent ?

Myra Eljundir : ‎@Karen : Je pense que je portais ce thème en moi depuis longtemps déjà. La création c'est comme porter un enfant. On le sent germer, pousser vers la sortie et un jour il est prêt et c'est comme une évidence.... C'est ma première incursion dans l'univers "young adults", en effet. Il faut croire que j'écris habituellement pour les "vieux adultes" (ils vont être contents les pauvres !) Mais au final, tout ça ce n'est que des catégorisations... Je pense qu'on apparente le genre fantastique à la jeunesse par confort, mais il n'y a pas d'âge pour aimer ça. C'est plus une disposition d'esprit qu'autre chose. On décide de jouer le jeu de la projection dans des univers différents ou pas... Est-ce que je me censure ? Hors de question et tant pis si ça choque. Surtout qu'on ne peut pas dire que les adolescents soient particulièrement naïfs de nos jours :) (j'ai déjà répondu sur cette page à la question de mes lectures "dystopiques" et notamment dans la collection R ! :) )

Karen : Pour moi Kaleb est le gentil, en tout cas il veut l'être mais il ne sait pas encore comment gérer les mauvaises ondes qu'il capte ou celles qu'il ressent d'autant que c'est jouissif. Il est vraiment ambigu et "normal" en même temps parce que personne n'est complètement gentil ni méchant. On a donc des perceptions différentes. Du coup Myra pouvez-vous nous donner votre perception de Kaleb, la manière dont vous avez voulu qu'il soit? 

Myra Eljundir :@Karen (bonjour !): Kaleb, je l'aime tel qu'il est... Je ne peux vous dire si je le vois 'gentil' ou 'méchant' parce que je le vois totalement, dans son entièreté puisque je sais d'où il vient (je le vois enfant) et où il va (je sais comment tout ça va finir). Il n'est ni noir, ni blanc. Juste un camaïeu de gris, un être humain qui fait ce qu'il peut avec les cartes que je lui ai données... Il a des côtés touchants : il est encore si jeune ! et si charmant (oui, j'en suis un peu amoureuse)... et en même temps il peut être un tel salaud ! il a un pouvoir de destruction qu'on ne fait qu'entrevoir dans le tome 1, où il découvre son don et ne fait le choix du mal que sur la fin...

Mathilde : Une autre question : Certains écrivains ont besoin d'éprouver certains sentiments pour écrire ( de la tristesse, de la colère, ...) c'est votre cas ?

Myra Eljundir @Mathilde : C'est justement parce que toutes ces émotions me sont extrêmement familières que j'écris, je pense. Elles me reviennent si facilement... Comme je l'avais dit en interview, les gens qui me croisent sont loin d'imaginer à quel point les larmes ou la colère me sont à fleur de peau.

Karen : Vous l'avez déjà évoqué rapidement dans une précédente interview mais qu'aimeriez vous répondre à ceux qui trouvent que vous avez développé une image dégradante de la femme dans Kaleb ?

Myra Eljundir :‎@Karen : Aaaaaah ! Cette question de la femme ! Si vous saviez comme elle m'a faite bondir quand je l'ai lue... et surtout comme je ronge mon frein pour ne pas répondre, parce que je devrais spoiler pour le faire, et avouez que ce serait dommage ! Ce que je répondrais aux personnes que ça a choqué ? Ceci : avez-vous été autant choqués de lire qu'un EDV (homme) était torturé ? qu'un psy (homme) était manipulé ? qu'un soldat (homme) était éliminé ? qu'un voisin (homme) finissait mal ? qu'un père (homme) avait un destin tragique ? Curieusement je n'ai entendu aucune voix s'élever contre le traitement que j'ai fait subir aux personnages masculins.... Y'aurait-il deux poids deux mesures ? Les hommes c'est normal et pas les femmes ? Dans la vraie vie, les femmes ne sont pas épargnées. Je ne vois pas pourquoi je serais complaisante avec elles dans mes romans. Kaleb, s'il s'appuie sur des éléments fantastiques, demeure ancré dans le réel. Où des filles se font utiliser ou abuser. Au moins avez-vous accès à ce que pense l'agresseur dans ce moment-là... Et puis, parfois les plus belles roses naissent dans la fange, alors si, par exemple, Abigail est dans (passez-moi l'expression) une merde noire... dites-vous aussi que c'est un formidable engrais. Qu'elle aussi doit suivre ses propres rites initiatiques, aussi douloureux soient-ils. Car oui, la suite est très claire (et de plus en plus) et je peux vous assurer que les victimes ne sont pas toujours ceux (celles ?) qu'on croit...

Audrey : Bonjour Myra, j'aimerai savoir si c'est un choix volontaire d'avoir pris des prénoms à forte connotation biblique: Kaleb ou Calev (selon) et Abigail (Abigaël), les deux héros portent tous deux des prénoms bien marqués, est-ce une volonté de donner une empreinte culturelle universelle, ou je m'égare?

J'aimerai aussi savoir si cet amusement que vous prenez à vous cacher...ne va-t-il pas avoir un frein pour aller à la rencontre de vos lecteurs, de vos fans, de participer à des dédicaces? Moi j'aime me déplacer pour rencontrer des auteurs! Là je suis frustrée car j'ai beaucoup à dire sur votre livre, et quoi de mieux que le direct!

Vous arrive-t-il de vous déplacer sur le net pour venir voir ce que pensent les lecteurs de votre travail à travers la multitude de blogs, sites et forums de lecture?

Myra Eljundir :‎@Audrey : Kaleb (en plus d'être un prénom islandais) signifie en effet "orienté par son coeur"... et Abigail "source de joie"... Tout un programme, n'est-ce pas ? Quant à mon anonymat, en effet il est frustrant pour moi aussi, d'une certaine façon parce que j'aime rencontrer mes lecteurs et que je n'aurai pas ce contact. Pour autant, et paradoxalement, je me sens tellement plus libre sous pseudo ! Je suis heureuse de ne pas être la 'star' : je veux que ce soit Kaleb (le livre comme le personnage) qui marque, qu'on retienne. Et puis, pour l'échange d'idées, pas besoin de me voir. Je suis présente sur facebook et je répondrai toujours à vos questions... j'envisage d'ailleurs d'ouvrir mon mur aux personnes qui le souhaiteront. Je ne l'alimenterai pas forcément (j'écris ! ça prend du temps...) mais ça nous fera un lien. Qu'en pensez-vous ? Enfin, pour répondre à votre dernière question, je mentirais si je disais que je ne jette pas régulièrement un oeil sur les blogs... heureusement qu'une connexion internet parfois hasardeuse m'empêche de trop le faire ! Il paraît que j'ai encore quelques tomes à écrire (Glenn Tavennec est là pour me le rappeler d'ailleurs !)

Jordan : Bonjour Myra ! Quel plaisir de pouvoir vous interroger aujourd'hui ! 
J'aurai aimé savoir si vous vous attendiez à un tel succès ? Parce que KALEB plaît aussi bien aux filles qu'aux garçons et, surtout, il ne laisse personne insensible. On l'adore ou on le déteste. Étiez-vous préparée à ça ?

Myra Eljundir ‎@Jordan (Jordan ♥) : Bonjour... Comment vous dire à quel point vous m'avez touchée (et en plus vous avez un PUTAIN de talent d'écriture... eh oui, moi aussi je suis grossière quand j'aime !) J'espérais bien vous "voir" ce soir ! Disons que je ne m'attendais pas à ce que Kaleb déclenche autant de passions... mais finalement, pouvait-il en être autrement, vu le thème et le personnage ? Non. Je le comprends maintenant. Et je savoure chacune des réactions qu'il suscite. Ce roman est vivant, vibrant, et provoque des émotions aussi sûrement que Kaleb s'immisce dans les esprits... Et ce n'est pas fini ! Et qu'il plaise autant aux garçons qu'aux filles est une grande satisfaction pour moi. Je déteste les préjugés, les clivages, les étiquettes... l'idée d'une littérature uniquement féminine ou masculine. Alors si Kaleb réunit un lectorat mixte, c'est formidable !

Rose Book : Que pensez vous des différents avis que vous avez lu sur Kaleb et de votre point de vue d'auteure, quel crédit accordez vous aux blogueurs?

Myra Eljundir ‎@Rose Book : J'ai envie de dire : que serions-nous sans les blogueurs ? Je ne comprendrais pas un auteur qui ne leur accorderait aucun crédit ! Les blogueurs sont prescripteurs et font un travail incroyable. Je dis ça sans démagogie aucune car certains ont clairement dit ne pas aimer Kaleb (beaucoup ont dit le contraire, heureusement !) mais Voltaire n'a-t-il pas dit : « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire. » ? Eh bien c'est ce que je pense aussi. Et je suis aussi admirative de la quantité de livres que vous lisez, prenez le temps de commenter et recommander à vos lecteurs. Alors je vous souhaite de pouvoir le faire pendant longtemps encore !

Karen : Et d'où vous est venu cette fascination pour l'Islande et sa mythologie ?

Myra Eljundir :@Karen : L'Islande... J'en suis tombée amoureuse il y a quelques années, en visitant ce pays incroyable. Je m'y sens tellement bien ! Et je vous invite d'ailleurs tous à y venir si vous pouvez. On a le sentiment d'être sur mars, sur la lune, ailleurs... C'est d'une beauté à couper le souffle et toujours en mouvement. Les Islandais, fiers et forts, sont à l'image de leur pays et gagnent aussi à être découverts ... Quant à la mythologie.. en fait toutes les mythologies m'intéressent : qu'elles soient -grecque, -indienne, -scandinave... les contes et légendes touchent à quelque chose d'universel, nous parlent à tous. J'aime comme ces histoires résonnent en moi. Je les trouve incroyablement modernes et d'actualité. Quand on parle mythologie, on parle inconscient collectif, on parle pulsions, on parle amour et mort. On parle vrai, on parle humain.

Jordan : Haaaaaaaaaa Myra, vous venez juste de m'achever, là ! Quel bonheur de lire votre réponse ! Je suis tellement touché ! J'ai le cœur qui palpite ! Merci ! Je ne savais même pas que vous m'aviez reconnu derrière le pseudo de Wandering-World ! Vous êtes géniale ! Mais vous méritez complètement cette chronique. KALEB m'a vraiment envoûté. Ce thème de l'empathie est passionnant. Je trouve que décrire les émotions humaines est vraiment quelque chose d'extraordinaire. Tout est intense. La passion et la haine. L'amour et la répulsion. J'adore. Vos mots sont aussi dévastateurs que le personnage que vous avez créé.

Petite question : la couverture du roman vous plaît-elle ? Personnellement, j'adore ! Elle reflète à merveille l'idée que Kaleb, on l'a ( littéralement ) dans la peau.

Myra Eljundir ‎@Jordan : Non seulement je l'adore, cette couverture... mais en plus j'en connais la signification !

Audrey : Jordan: effectivement enfin une couverture qui correspond à l'atmosphère, le ressentis du livre, et qui sort du lot. Moi aussi j'adore! On veut la signification d'après l'auteur! Enfin je veux!

Myra Eljundir ‎@Audrey : vous le saurez dans le prochain tome... Mais je peux déjà vous dire que Kaleb va se faire tatouer... Avec quoi ? Comment ? Pourquoi ? Et avec quelles conséquences ? S'il le savait il ne le ferait pas.

Noémie : Bonjour Myra, très heureuse de pouvoir dialoguer avec vous aujourd'hui. Je m'interroge surtout sur le fait d'avoir choisi l'Islande en toile de fond, est-ce un pays qui vous attire plus qu'un autre ou vous avez vécu des choses? Allons-nous à notre tour voyager au pays des volcans dans le tome 2?^^

Infos sur le prochain tome…


Myra Eljundir : @Noémie. J'espère vous faire voyager très loin dans le prochain tome !

Nous allons plonger dans le passé de nouveau : David n'a pas fini de faire parler de lui...

Le titre de la saison 2 ne sera pas "Kaleb", mais... ‎*** A B I G A I L ***

Sur ce, je vous remercie d'avoir été là et pour toutes vos questions, très pointues ! Vous êtes formidables ! Merci !

1 commentaire:

  1. Ce fut vraiment une expérience géniale, interviewer à plusieurs un auteur, comme vous pouvez le voir, chacun a des questions bien différents!

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