jeudi 9 mai 2013

Il était fait pour moi

Couverture de Il était fait pour moi

Quatrième de couverture:

Shakespeare n’a rien compris. Son chef d’oeuvre le plus connu ? Complètement à côté de la plaque. Roméo et Juliette ne parle pas seulement d’amour. C’est avant tout un drame. Qui a fait des morts. D’ailleurs, ça n’était pas censé se finir comme ça. Si vous lisez attentivement, vous vous apercevrez qu’il y avait déjà quelqu’un dans le tableau avant que Juliette n’arrive. Quelqu’un que Roméo aimait beaucoup. Elle s’appelait Rosaline. De l’avis général, Roméo et Juliette, aveuglés par leur passion, ont été les malheureuses victimes du destin. C’est faux. Juliette n’avait rien d’une douce et innocente jeune fille torturée par la fatalité. Elle savait exactement ce qu’elle faisait. Et Roméo ? Roméo avait déjà une âme soeur, moi. Il était fait pour moi. Peut-être qu’alors la catastrophe aurait été évitée. Peut-être qu’ils seraient encore vivants. Et si la plus grande histoire d’amour jamais contée n’était pas la bonne ?

Je tiens à remercier Hachette pour ce titre, qui me fait découvrir leur univers 


L'avis d'Audrey:

Je découvre avec ce titre une version revue, corrigée et largement adaptée de Roméo & Juliette. Mais surtout je mets le nez dans un genre  "pour fille" étiqueté par l'éditeur sous le logo "Bloom" , le genre pour jeunes ados niaises et superficielles.

Bon je n'ai que ce que je mérite. J'ai voulu voir, j'ai vu, j'ai peu vaincu. C'est mon problème, me mettre dans la peau d'une jeune ado, et lire ce qu'elles aiment... Je n'ai pas du tout adhéré à ce genre de "littérature" si je puis appeler ça ainsi. Pire, je me suis dit, mais comment peut-on proposer cela ? Je sais que c'est le genre de recette qui marche, se lit, se vend... mais permettez-moi d'opposer mon point de vue littéraire à cette recette commerciale!

Nous sommes dans une véritable caricature d'une jeunesse dorée américaine. La vie rêvée de ces héroïnes,  filles qui ont tout pour elles, se prélassent dans un style de vie loin de toutes préoccupations réelles. On a les soirées, les mecs, les week-end à Malibu dans une maison de 3000 m2, les plus belles voitures sur le parking du lycée, le physique de rêve, les objectifs capitaux d'acheter un nouveau bikini, perdre sa virginité et éventuellement intégrer une bonne faculté...

je cite:

"-Saluuuuuut, nous fait Olivia, (...)
Elle s'étire. A mesure que ses bras s'allongent, son haut remonte et nous dévoile une bonne partie de son ventre. c'est typique de ce que Charlie appelle un "mouvement stratégique". Voilà une autre de ses théories: nous avons toutes un mouvement stratégique, un de ces gestes caractéristiques qui nous permettent d'attirer l'attention du chaland. Prenons Beth Ordens, dans notre classe. Il lui arrive de bomber soudainement le torse. Avec les seins qu'elle a, c'est le mouvement stratégique ultime."

Je n'ai rien contre revisiter l'oeuvre pompeuse de Shakespeare  le texte est difficile à avaler, pourquoi ne pas le vulgariser, en proposer une version plus moderne, plus sympathique? Je trouvais, de plus, que le point de vue de Rosaline, dont on ne parle quasi pas dans la pièce pouvait être fort intéressant... Je suis particulièrement adepte de la version ciné de Baz Lurmann, petit chef d'oeuvre qui utilise le texte original sur des images et une bande son complètement modernes. 
Mais dans ce roman, où est la liberté artistique, si ce n'est dans des répliques débilissantes calées sur une idée du monde des ados? Certes, nos jeunes d'aujourd'hui s'expriment comme des imbéciles, à coup de "allo quoi", et autres répliques télévisuelles sans profondeur. Mais faut-il pour autant leur en rajouter, leur en donner à lire, lorsqu'il y a tant de séries TV qui leur offrent ce genre de mots et d'images.

Nouvelle citation:

"-Salut, meuf, t'as passé un bon été?
-On s'est vus ce week-end, Jake, lui réponds-je, patiemment.
-Oui, délire! poursuit-il sans se démonter.
Puis il claque des doigts devant le visage de Rob, qui a toujours son regard fixé sur moi.
-Il faudra qu'on aille tâter de la vague, ce week-end. on m'a dit qu'elles seraient démentes."

Et bien sûr on a la série de réflexions existentielles très intenses: 

"doit-on passer le week-end à Malibu?"
"J'ai dis à Jake que je ne camperai pas avec lui devant le nouveau KFC, pour être les premiers à l'ouverture."
"C'est impératif il me faut un nouveau bikini noir" 
"Comment sais-tu que les Dragibus son mes bonbons préférés"!

Wahou! J'en passe et des meilleurs...Je ne voudrais pas tout vous révéler...

Je suis sévère, mais je crois que je ne suis pas du tout objective, je n'ai plus l'âge de ces lectures, et j'aspire, en tant que prof et en tant que mère à donner un peu plus de réflexion et de qualité d'expression à nos jeunes. Des choses un peu plus profondes que les derniers escarpins réservés en boutique, la taille du débardeur, la popularité des filles du lycée, les premiers amours caricaturés...

Passé ces découvertes narratives horripilantes, je me suis quand même laissée emportée par l'histoire d'amour la plus célèbre de la littérature. Certes l'auteur l'a fortement édulcorée et modifiée, elle nous offre d'ailleurs certains choix surprenants. Ainsi, la seconde partie fut plus touchante, on approche à grands pas de la tragédie, et on s'écarte un peu du récit superficiel, ouf!
Je suis sadique, mais une fois que Rosaline fut larguée par le beau Rob alias Roméo...évincée comme une chaussette, par la garce de Juliette...alors là, ce fut certainement plus piquant.  La mort de Tybalt a été remplacée par un bon vieux coup de poing, le bannissement par une exclusion temporaire du lycée...Et Rosaline, de manière assez prévisible retrouve du réconfort dans un jeune rebelle au cœur tendre... Bouh! que de bons sentiments, de romantisme dégoulinant, de mièvrerie, qui sont parvenus à me faire tenir jusqu'au bout. Je dois être maso, hyper romantique et aimer la romance de bas étage, ou être  profondément restée une midinette de 14 ans!

Si vous êtes dans l'un de ces cas, si vous avez 14 ans, êtes en mal d'amour, si vous adorez "Beverly-Hills" ou "Gossip Girl" vous allez adorer ce roman!

8 commentaires:

  1. Bravo pour ta chronique qui a le mérite d'être clair et objective!

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  2. Merci Twix, ce fut difficile, je m'y suis reprise à plusieurs fois pour la terminer...; Difficile lorsqu'il s'agit d'un livre d'un partenaire!

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    1. franchement pas mon genre de livre!Ca m'agace déjà à la base ce genre de bouquin.Bon il en faut pour tous les goûts(mais tout de même...)Ou alors on est la génération qui comprend rien à la jeunesse!Lol!

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  3. Merci pour cette chronique Audrey tu m'évites un achat qui n'était pas fait pour moi. Dommage, l'originalité était là et la couverture très jolie aussi. Le fait de voir l'histoire au travers de Rosaline aurait pu être très intéressant.... Purée c'est le genre de langage que je fuis comme la peste dans les livres. Déjà qu'à l'oral je ne peux pas filtrer ce que j'entends alors si ça arrive même à l'écrit, où va le monde!

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  4. Je ne suis pas vraiment tenté par le livre et ta chronique me fait pensé qu'il vaut vraiment mieux que j'évite pour ce coup là ! ^^

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  5. J'ai failli l'acheter il y a quelques jours et je suis bien contente de m'être ravisée ! En général, j'adore les livres YA et jeunesse mais là, ton avis combiné aux extraits m'ont sacrément refroidie !

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  6. Dommage pourtant, le concept était plutôt sympa. Je ne m'attendais absolument pas à ce que ce soit si nul. Ce n'est pas trop mon style de lecture, mais d'habitude je ne crache pas sur un peu de détente, un roman un peu plus léger : pour le coup, ton avis m'a refroidie. Retour aux thrillers. ^^

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  7. Je suis un peu confuse, j'ai fait une très mauvaise pub à ce titre... c'était un partenariat black moon, mais je n'ai pas pu m'empêcher!

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