Sixtine
est un des derniers titres black Moon qui ne peut laisser insensible.
Envoûtant fascinant, captivant, haletant… je n’ai plus assez d’adjectifs à mon
actif pour qualifier ce roman Young-adult d’une richesse épatante!
C’est
un de mes derniers coups de cœur. Sorti en novembre 2013, si vous ne l’avez pas
encore lu, foncez !
Et
pas besoin d’aller chercher le talent outre-Atlantique, Caroline Vermalle est
une auteur française au style impeccable, à l’imagination débordante, avec une
sacrée volonté de s’amuser avec les nerfs de ses lecteurs…
Ni
une ni deux, vous me connaissez maintenant, je suis partie à la rencontre de
cette auteur. Elle a bien voulu répondre à mes questions. Après une pression
d’enfer, celle de poser les bonnes questions, les questions originales et intéressantes,
je me suis lancée.
Avec
un grand merci à elle, voici donc pour vous :
Audrey : Comment
s’est passé la rencontre entre vous et la collection Black Moon ?
C.V : Vous êtes prêts pour un enchaînement d’événements complètement
improbables ? (Si non, passez à la prochaine question). D’abord ce Prix
Chronos décerné par les lycéens en 2011 pour mon premier roman L’avant-dernière chance (lui-même
publié en 2009 grâce à un concours, le PrixNouveau Talent de la Fondation Bouygues Telecom) qui a piqué l’intérêt de
Black Moon suffisamment pour qu’ils me proposent d’écrire la nouvelle La Fille du Déménageur pour le recueil Nouvelles Contemporaines, Regards sur leMonde). La collaboration a été idéale, et au hasard d’une conversation
informelle, mon éditrice m’a demandé si j’avais une idée de thriller. J’ai
parlé de Sixtine, qui n’était jamais
sortie de mon tiroir, et à peu près 10 minutes plus tard, le projet Black Moon
était né ! Comme quoi, les contes de fées existent vraiment... (Et d’ailleurs,
la boucle est bouclée, puisque L’avant-dernièrechance a été réédité par le Livre de Poche Jeunesse et est sorti le même
jour que Sixtine.)
Audrey :
Comment s’est imposée l’idée de départ de
Sixtine ?
C.V : C’est la fin qui s’est imposée à moi au départ, donc
vous me pardonnerez de ne pas répondre ! Mais j’avais depuis longtemps
très envie de me plonger - et de plonger le lecteur - dans l’univers étrange et
fascinant qu’est le monde de l’archéologie et du trafic d’antiquités, que
j’avais découvert grâce à mon travail à la télévision britannique, la BBC.
Audrey : A combien
estimez-vous la part d’influence d’Indiana Jones sur votre inspiration ?
avouez tout !
C.V : Ah, ce cher Indy... Indiana Jones, Tintin, Blake &
Mortimer, Hercule Poirot même : des personnages qui m’ont donné le goût de
l’aventure et du suspense et des mystères exotiques. Mais pour créer Sixtine,
il a fallu tous les oublier ! Car dès le départ je voulais une histoire qui
puisse hanter le lecteur. Pour cela, il a fallu aller chercher un peu plus
profond dans l’idée du Bien et du Mal, avoir recours à une palette plus trouble
pour peindre l’humanité de mes personnages. Vu qu’on est sur le sujet des
héros, personnellement j’ai toujours aimé le côté sombre et torturé de Batman. Donc
si je devais résumer grossièrement, Sixtine, c’est Indiana Jones avec la
psychologie de Bruce Wayne, trempant dans des cauchemars sortis des pages du
National Géographic. (Mais sinon, chez moi, tout va bien, merci :))
Audrey : Avez-vous
terminé d’élaborer le schéma diabolique de l’intrigue qui nous mène par un
suspense intenable ? Ou êtes-vous encore en train de réfléchir à
mieux nous « torturer »?
C.V : Le schéma est là et particulièrement tordu, mais je
peux toujours faire mieux...
Audrey : Sur combien
de tomes, d’ailleurs, cette intrigue va-t-elle nous tenir en haleine?
C.V : Trois au total.
Audrey : Avez-vous
conscience de votre faculté à diaboliser des récits, en bref à nous offrir des
fabuleux tourments de lectures ? Pourquoi ce sadisme ?
C.V : Une intrigue riche et cohérente, des thèmes profonds
et un rythme haletant - c’est tout ce que j’essaie de faire. Du sadisme ?
Vous me flattez !
Audrey : Vous
êtes-vous inspirée de certaines personnes pour créer vos personnages ?
C.V : Pas vraiment. Mon expérience au sein de la BBC a
permis d’esquisser Florence, mais nos ressemblances s’arrêtent là. Comme Max,
mon mari (et collaborateur) Ryan von Ruben est diplomé de l’école
d’architecture londonienne l’AA, mais là aussi, ça ne va pas plus loin. Ah
si : si un jour, Hollywood vient sonner à ma porte, il faudra qu’ils
arrivent avec un contrat pour Morgan Freeman, parce que j’ai écrit Franklin
juste pour lui !
Audrey : Quel est
le personnage de Sixtine qui vous touche le plus et pourquoi ?
C.V : Les personnages m’interpellent de différentes façons,
mais celui qui m’émeut le plus, je pense que c’est Max, car c’est un innocent,
quelqu’un de profondément bon, et héroïque par sa loyauté. Sinon, c’est bien
sûr Sixtine, car c’est mon « Ève », c’est elle la raison d’être de
tous les autres, elle me touche dans le sens où elle et moi sommes liées, d’une
façon que je ne peux pas vraiment encore expliquer. Mais je suis sûre que la
vie se chargera un jour de me montrer pourquoi j’ai eu besoin de faire exister
ce personnage à ce moment-là...
Audrey : Comment
s’est passée la préparation du roman, la plongée dans l’univers de l’Egypte
contemporaine et ancienne ? Des personnes vous ont-elles aidé ? Vous
êtes vous rendue aux pieds des pyramides, dans les musées, les bibliothèques…
C.V : J’ai dû lire quelques centaines de documents, ce
n’est pas ce qui manque sur le sujet ! Les pyramides étaient prévues au
programme, mais l’actualité m'a forcée à repousser mon voyage. Finalement j’ai
interrogé les gens qui connaissaient l’Egypte et le monde des antiquités. Les
musées, je les avais déjà visité, j’ai fouillé dans mes archives personnelles. J’ai
été épaulée par une documentaliste de la BBC, et dès que je bloquais sur
l’intrigue, j’allais en parler avec Ryan. On a passé des journées interminables
autour de la table de la cuisine avec des post-its partout. On s’est pas mal
arraché les cheveux aussi.
Audrey :
Qu’est-ce qui a été pour vous le plus dur à écrire à composer?
C.V : Tout ! Sixtine a été le plus grand défi de ma
vie d’auteur. L’ambition était juste énorme - et elle l’est toujours, tant que
je n’ai pas écrit le mot FIN sur le T3 !
Audrey : Qu’est-ce
qui a été le plus facile, ce qui paraissait comme une évidence ?
C.V : Je me creuse la tête, mais vraiment rien n’a été
facile dans la composition. En revanche la collaboration avec Black Moon, ça,
ça été une vraie bouffée d’air !
Audrey : Comment
sort-on indemne d’une aventure aussi intense que l’intrigue de Sixtine. Facile de couper, de ne plus y
penser ? Car pour moi, cela n’a pas été facile…
C.V : J’ai écrit un autre roman entre le T1 et le T2, d’une
façon assez maso, ça aide... Mais malgré cela, Sixtine est toujours là
dans un coin de ma tête. Si vous me rencontrez et que je parle toute seule, ne
pas s’inquiéter.
Audrey : Avez-vous
eu un regard particulier sur le choix du titre, de la couverture, de la promo
du livre?
C.V : Pour le titre, il n’a jamais été question que ce soit
quoique ce soit d’autre que SIXTINE. Pour le reste, c’est le travail de Black Moon
et je leur fais entièrement confiance. Lorsqu’ils m’ont montré la maquette de
la couverture actuelle, j’ai juste sauté de joie. Un vrai cadeau...
Audrey : Quel
regard portez-vous sur les innombrables avis de lecteurs qui fleurissent
aujourd’hui le net ?
C.V : 1) Ils me touchent et me comblent et m’inspirent 2) Ils
me terrifient, la pression de malade pour les autres tomes ! Mais
finalement, ma réaction instinctive quand j’entends la grande majorité de mes
lecteurs me dire qu’une fois le T1 de Sixtine commencé, ils n’ont pas pu l’arrêter,
lu en 36 heures, nuits blanches, tête de zombie le lendemain, etc. c’est de me
dire ouf ! parce que... le T1
est le plus lent des trois ! :)
Audrey :
Pouvez-vous satisfaire un peu notre curiosité de lecteurs impatients et nous
donner un petit quelque chose sur la suite ? Allons-nous avoir des
réponses ?
C.V : Tout ce que je peux vous dire, c’est que le T1 était
ma façon de mettre à plat l’échiquier, les pions et les règles du jeu. Tous les
indices qui vont jouer un rôle capital plus tard, vous les avez lus dans le T1
- même si peut-être, cher lecteur, vous n’y avez pas prêté attention ! (Ne
vous sentez pas coupable, c’était prévu comme ça) Si vous avez été emportés par
l’intrigue du T1, alors pour le T2, préparez-vous, c’est là que le gros de
l’action démarre. Et bien entendu, vous aurez des réponses... particulièrement
concernant un certain Thaddeus... qui en intrigue plus d’une, si j’ai bien
compris ? :)
Audrey :
Lisez-vous des romans jeunesses, young-adult ? Si oui, quels titres vous
ont marqué ces derniers temps ?
C.V : Ce n’est pas très original, mais je me souviens être
devenue complètement marteau en lisant Hunger Games en 2012. J’étais au milieu
de nulle part en Australie, mais heureusement pour mon salut il y avait sur
notre route un supermarché qui avait des exemplaires des autres tomes. Autant
dire que je n’ai pas vu grand-chose de la région, mais en revanche, Panem,
c’est charmant, n’est-ce pas ?... Sinon, la création de Sixtine a été
tellement intense que je n’ai presque rien lu pendant 6 mois excepté des
documents de recherche. (« Elève Vermalle, excuse bidon, peut mieux faire. »)
Audrey : Avez-vous
le temps d’aller choisir quelques bons bouquins à lire ? Si oui, quels
sont vos derniers choix ?
C.V : Ma PAL est une blague, c’est une bibliothèque à elle
toute seule. En plus je me suis posé un petit challenge, toute seule dans mon
coin, qui est de lire les grands classiques anglais en 2014. Un petit aperçu de
ma liste ici :
A ce rythme, si j’en lis deux avant la sortie du T3 de Sixtine,
ce sera un triomphe... :)
Merci à Caroline, des réponses extra, et une suite à Sixtine qui promet... Je suis très impatiente!
En attendant vous pourrez retrouver Caroline Vermalle au salon de Montreuil les samedi 30 et dimanche 1 décembre.
J'y serai!