31 octobre 2013, jour
de la sortie mondiale et très médiatisée du premier tome de la série déjà célèbre
d’Antoine Rouaud, « Le livre et
l’épée ».
Bon j’avais commencé ma
chronique de ce livre par dire « attention c’est du très lourd ».
Effectivement Bragelonne peut se vanter de publier de très volumineux romans. Celui-ci est épais, mais il est aussi
très dense, très intense. Il a de surcroît réussit à me surprendre et
m’embarquer comme peu de livres arrivent à le faire ces derniers temps.
Alors à l’occasion de
sa « sortie mondiale », j’ai pensé vous en parler.
Mais qui mieux que son
auteur pourrait en parler ?
Voici donc pour vous le
point de vue d’Antoine Rouaud sur le truc dingue qui vient de lui tomber
dessus, la publication mondiale de son premier roman !
C’est avec un grand
plaisir qu’il a accepté de répondre à mes folles questions…
Merci à lui !
Audrey : Alors commençons par le commencement, la
première de couverture. Avais-tu des exigences particulières ? La
couverture correspond-elle à l’idée que tu te faisais de ton roman en tant
qu’objet ?
A.R : Bonjour. Non, je n’avais pas d’exigence quant
à la couverture. Je n’y ai pas vraiment pensé quand j’ai su que Bragelonne
allait m’éditer. C’est une approche également commerciale que je ne connais
pas. Une couverture va attirer l’œil mais se doit également de représenter ce
que contient l’histoire. En ce sens, le travail de Larry Rostant est
exceptionnel. Tout y est. Sobriété, mais d’une efficacité éblouissante.
Audrey : En parlant d’objet-livre, j’ai lu dans
l’interview que tu as donnée au site Elbakin.net
que tu trouvais que le livre numérique offrait à un auteur d’immenses
possibilités. Comment arriverais-tu à convaincre la lectrice telle que moi
attachée à son objet-livre et tout ce qu’il représente, et complètement bloquée
à la lecture numérique?
A.R : En disant
que les deux ne sont pas incompatibles du tout. Ce sont des objets différents
simplement, le plaisir sera évidemment différent. Le numérique apporte d’autres
possibilités, il faut le considérer comme un autre support, pas comme l’ennemi
du livre papier. Moi aussi je préfère les livres papiers pour le moment.
Cependant le numérique permet d’avoir d’autres fonctionnalités, un autre suivi
de l’histoire, et de créer différemment, grâce à des liens qui renvoient vers
d’autres informations. A terme, ça pourra même amener à changer notre façon de
lire ou de construire une histoire, en proposant un puzzle que le lecteur
pourra reconstruire par exemple.
Audrey : Parlons un peu du net, aujourd’hui tant
et tant de blogs, de forums, de sites, de pages face book proposent des retours
et des avis sur chaque publication. Y
portes-tu un certain regard ? Un intérêt particulier ?
A.R : Par
curiosité, il m’arrive de jeter un coup d’œil mais j’essaie de lire tout ça
avec un maximum de recul. Les avis sont précieux mais internet fait qu’on peut
en écrire un, sans argumenter, tout le monde donne le sien. Il faut faire le
tri dans ceux qui peuvent me faire avancer en évitant de donner trop d’intérêt
à ceux qui, au contraire, pourraient m’enfoncer sans autre forme de procès.
Audrey : T’arrives-t-il encore de flâner dans une
librairie ? Si oui as-tu des habitudes, parler aux libraires, commencer un
roman sur place, lire toutes les couvertures des têtes de gondoles, regarder
quelles sont les meilleures ventes ou les coups de cœur ? Tout à la fois,
ou peut-être rien de tout cela…
A.R : Rien de tout
cela. Je suis assez casanier. Je flâne parfois dans les rayons BD mais j’ai
passé plus de temps à écrire qu’à regarder ce que d’autres écrivaient.
Audrey : J’ai encore lu sur toi que ça fait
presque deux ans que tu n’as pas pris le temps de lire un roman. Mais que se
passe-t-il ??! Je vais m’emporter!!! Non plus concrètement, comment
peut-on arriver à écrire un roman aussi percutant sans se faire une idée des
derniers bouquins qui « cartonnent » ?
A.R : Parce qu’il
n’y a justement aucun désir, aucune volonté, de coller à une mode. J’ai voulu
écrire mon histoire non pas en me disant : tiens, ça, ça cartonne, il faut
que je fasse de cette façon, mais en souhaitant raconter ce que je voulais, à
ma manière. Tenter. Essayer. Un pari. Cela ne sert à rien de coller à une mode
à mon sens. Il faut plus simplement raconter ce que l’on veut, de la façon dont
on le veut.
Audrey : Allez rentrons dans le vif du sujet, ton
roman. Avoue tout ! Tu as bossé à fond les notions de narrateur et de
focalisations ? Franchement comment t’es venue l’idée de jouer autant sur
les points de vue des personnages ?
A.R : Aucunement. Je n’ai rien étudié. C’est juste la résultante
de beaucoup d’années à regarder, lire, apprécier, voire adorer des histoires.
Je pense qu’en grandissant j’ai essayé de comprendre comment on pouvait créer
une ligne narrative, en m’appuyant sur les récits que j’ai aimé. Après, j’ai eu
l’idée d’une trame et je me suis juste demandé quelle était la meilleure façon
de l’amener. L’idée des points de vue était excitante car elle permettait de remettre
en cause certains évènements du roman et servait également les idées que je
voulais aborder par esquisse. Notamment celle qu’un évènement est toujours
raconté de manière subjective. Un évènement historique n’a de valeur que si on
comprend ce qui l’a amené et ce qui en résulte.
Audrey : Pourquoi la fantasy ?
A.R : Parce que ce
genre semblait mieux convenir à l’histoire que je souhaitais raconter et qu’il
m’a toujours fait rêver.
Audrey : Bien prépares-toi je vais entamer les
questions qui fâchent. En parlant des personnages, certains lecteurs, dont moi, ont trouvé les
personnages féminins fades, notamment Viola ? Il est indéniable que les
personnages forts et héroïques de ton roman sont des hommes. J’ai vraiment
ressenti qu’il s’agissait d’un roman masculin. Que voudrais-tu me
répondre ?
A.R : C’est, là
aussi, un point de vue. Viola est là, toujours. Sans elle, rien ne se passe.
Est-ce que parce que je mets moins la lumière sur elle qu’elle paraît moins
héroïque et forte ? Ou alors, c’est parce qu’elle n’a pas d’épée, qu’elle
ne tue pas un dragon, qu’elle vous paraît fade ? Son importance n’est pas
dans ce que je montre d’elle. Mais dans ce qu’elle fait, tout simplement. De
même pour Mildrel et Esyld. Tous les grands moments sont amenés par elles. D’un
point de vue narratif, j’aurai fait une erreur en les mettant plus en avant que
ça également. Parce que je sais ce qui suit. D’autres femmes vont apparaître,
et d’une façon différente. Et Viola est loin d’avoir dit son dernier mot même
si elle ne sera, jusqu’à changement de dernière minute, que peu présente dans
le tome deux.
Audrey : Autre question qui fâche, j’ai lu dans
d’autres chroniques de lecteurs, plus axés sur la fantasy que moi, que ton roman
était très classique et empruntait un schéma de récit fantasy « déjà trop
vu ». Me concernant, j’y ai certes vu une petite touche de
« L’assassin royal », j’ai retrouvé les thèmes classiques de la quête
initiatique, du mentor, de l’épée… Mais il m’a semblé tout de même qu’il y
avait pas mal de choses qui remuaient un peu le « schéma classique ».
Que pourrais-tu répondre à ces critiques ?
A.R : Pas
grand-chose. Il y a ceux qui croient qu’on peut faire des choses vraiment
nouvelles, d’autres comme moi qui sont assez persuadés que, finalement, on sort
un peu des lignes mais qu’on les suit tout de même depuis Homère. Un récit
initiatique doit répondre à des codes. Si je ne les respecte pas, ce n’est plus
un récit initiatique. Je ne connais pas « l’Assassin Royal ». Comme
je ne sais pas en quoi je remue un peu le schéma classique. Il n’y a pas de
volonté dans l’écriture d’atomiser un « style » ou un
« schéma » que des aficionados reconnaissent. J’ai écrit une histoire
que je souhaitais raconter, ma prétention s’arrête ici.
Audrey : Après nous avoir bien surpris et bien
laissé en suspens, gardes-tu encore des cartouches en réserve pour nous étonner
dans les prochains tomes, ou vont-ils être différents ?
A.R : Ils seront
différents car le but n’est pas de faire un Tome 1 bis. Surprendre ? Je ne
sais pas. En tout cas faire quelque chose que je puisse défendre et que je
puisse expliquer, oui. Le principal c’est où je vais. Il y aura des précisions
sur les D’Uster, les Reyes, l’Histoire du Liaber Dest. Je connais ce que je
veux raconter, je cherche simplement à le faire du mieux que je peux.
Audrey : Où en es-tu de l’écriture des prochains
volets ? S’agit-il toujours d’une trilogie, ou vas-tu comme certains auteurs
décider de prolonger l’aventure ?
A.R : Trilogie.
Sûr à 100%. Je suis sur le tome deux et j’avance. A mon rythme. Mais j’espère
bien qu’il soit prêt pour la fin 2014.
Audrey :
Maintenant prépares-toi aux questions de
fille : allons-nous avoir des réponses ? Une happy-end ? Des
moments heureux ? De la romance ? Certes, il y en a déjà, mais nous
les filles on en veut toujours plus !
A.R : Des
réponses ? Tout dépend. Une happy end ? Spoilers. Des moments
heureux ? De beaux moments oui. De la romance ? mmmhhh… à voir. Des
moments forts surtout. Des tragédies comme de l’Espoir.
Audrey : Comment sort-on sain d’esprit après
avoir passé autant de temps à réfléchir sur un projet aussi intense que cette
histoire ? Arrives-tu à couper et ne plus penser à ton récit ? Si oui
par quels moyens ?
A.R : J’espère être encore sain d’esprit. Sachant
que j’ai beaucoup plus d’histoires en tête que celle-ci. Sinon, ma tête
exploserait. Je pense toujours, c’est là mon problème. Mais, c’est assez utile
quand on doit écrire une trilogie, préparer des feuilletons audio, écrire des
pubs etc…
Audrey : Si tu devais écrire la chronique de ton
roman, par quelle phrase accrocheuse commencerais-tu ?
A.R : Une voie à
double sens.
Audrey : La phase de promo a commencé assez tôt,
un grand battage médiatique sur le net. J’ai eu la chance comme certains, de
lire en avant première « La voie de
la colère » deux mois avant sa sortie. Pas trop long cette attente et
tout ce blabla avant même la date officielle ?
A.R : Ho, si. Mais
nécessaire. Et puis, il faut être patient. Je ne vais pas me plaindre de vivre
un truc pareil !
Audrey : Aurons-nous le plaisir de te retrouver
en dédicaces cette année ?
A.R : J’espère
bien ! Au salon jeunesse de Montreuil, déjà. Après, Bragelonne vous le
dira.
Merci encore à Antoine pour sa disponibilité !
C’est toujours
surprenant de voir que derrière un livre il y a un véritable humain voire même un type sympa !
Oui, oui les auteurs sont de vrais gens !
Oui, oui les auteurs sont de vrais gens !
Bref aussi sympa qu’efficace
je vous invite à découvrir son roman « La voie de la colère», si ce n’est
déjà fait…
Pour lire ma chronique c'est ICI
Et je prends RDV pour voir Antoine en chair et en os à Montreuil
c'est toujours très sympa de rencontrer l'auteur qui nous parle de son "bébé"
RépondreSupprimerJe ne connais pas,la couverture me plait beaucoup en tout cas et pourquoi pas découvrir ce livre....et cet auteur
Sa faisait longtemps qu'on avait pas eu une interview ! Sa fait du bien :)
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