mardi 21 octobre 2014

L'extrait du moment


Je vous propose de vous plonger ou vous replonger dans un doux passage de "Keleana tome 2, La reine sans couronne"
Si vous n'avez pas encore découvert cette série, foncez, c'est un petit régal...



Elle avait bien abandonné son poste, mais pas pour parer à un danger.
Il croisa les bras. Keleana avait quitté son poste pour…danser.
La musique parvenait jusqu’au pied des marches, où keleana valsait seule. Elle pinçait même d’une main le bas de son manteau noir comme la jupe d’une robe de bal, tandis que son autre main reposait sur l’épaule d’un cavalier invisible. Il était partagé entre l’envie de rire, de vociférer et de rentrer feignant de n’avoir rien vu.
Elle tourna dans un mouvement fluide et gracieux qui l’amena juste en face de lui, et se pétrifia.
La troisième option n’était donc plus envisageable. Ce serait soit le rire, soit la réprimande, bien que ni l’un ni l’autre ne lui parusse de mise.
Même au clair de lune, il voyait son expression renfrognée.

-Je m’ennuie à périr et je meurs de froid, expliqua-t-elle en lâchant le bas de son manteau.

Immobile en haut de l’escalier, il ne la quittait pas des yeux.

-D’ailleurs c’est votre faute, poursuivit-elle en fourrant ses mains dans les poches. Vous m’avez ordonné de rester ici, d’où j’entends cette musique merveilleuse. (La valse jouait toujours, remplissant d’échos l’air glacé.) A qui la faute ? C’est comme d’asseoir un affamé devant un festin en lui interdisant de manger. Ce que vous avez également fait, du reste, quand vous m’avez forcée à assister à ce dîner officiel.

Elle jacassait sans interruption et il devina à son visage assombri qu’elle était mortifiée d’avoir été surprise par lui. Il se mordit la lèvre pour réprimer un sourire et descendit les marches menant à l’allée de gravier.

-Vous, la plus illustre assassineuse de l’Erilea, vous êtes incapable de monter la garde pendant quelques heures ? demanda-t-il.

-Pour surveiller quoi ? siffla-t-elle. Des couples qui s’éclipsent pour aller se bécoter entre deux haies ? Ou son  Altesse Royale qui danse sans trêve ni repos ?

-Seriez-vous jalouse ?

Elle s’esclaffa. (…)

-Quand j’ai entendu la musique, j’ai eu envie de danser un instant, expliqua-t-elle. Juste pour… pour tout oublier le temps d’une valse, et faire semblant d’être une fille comme une autre. Bon, reprit-elle avec un regard mauvais, maintenant, allez-y, passez-moi un savon. Quelle sera ma punition ? six kilomètres de plus dans le parc demain matin ? Une heure d’entraînement ? Le supplice du chevalet ?

Ses paroles étaient empreintes d’une telle amertume qu’il en resta désemparé. Oui, ils auraient cette petite conversation sur son abandon de poste, mais maintenant… maintenant…

Chaol s’approcha de la barrière invisible.

-Accordez-moi cette danse, dit-il en lui tendant la main.

Sarah J.Maas, Keleana, La reine sans couronne. p.169-170.

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