samedi 30 juin 2012

Fan fic d'Anaïs : Chapitre 6




CHAPITRE 6.



Vous vous souvenez de vos amis quand vous étiez petit?

J'avais aussi des amis. Jusqu'à mes douze ans, avant que mes yeux se mettent à étinceler et que mes parents m'apprennent que j'étais une sorte de blade version féminin.

Avant cette découverte, je vivais des périodes fabuleuses, je voulais que ces jours heureux durent toujours. j'avais ma place sur terre et pendant tout ce temps ça été magique.

Puis il y a eu ce jour où tout a basculé, je ne pouvais plus fréquenter mes amis, j'étais coupée du monde, j'ai dû changer d'école. Et depuis ce jour, je porte des lentilles pour dissimuler mes yeux. Le plus dur pour moi a été de me séparer de mon meilleur ami Adam. Cela m'a blessé au plus profond de moi.

Malheureusement, la plupart des blessures sont plus profondes qu'on ne l'imagine , elles ne se voient pas à l'œil nu. Et puis il y a des blessures qui nous prennent par surprise.

Ce matin en me réveillant, j'étais loin de me douter que ma vie allait changer d'une manière irréversible. C'est vrai ce que disait ma mère, les véritables dangers ne nous laissent pas le temps de nous défendre ou d'avoir peur.

Mon père nous dit souvent, que la vie nous apporte seulement des épreuves que nous pouvons supporter. Avant j'étais d'accord avec lui, mais avant, j'étais une autre Alexandra, celle qui croyait au conte de fée comme tous les enfants, qui rêvait d'un prince qui viendrait un jour la chercher sur son beau cheval blanc. Oui, ça c'était avant. 

Finissant de me préparer, j'observe mon visage dans le miroir une dernière fois. Mon Dieu, je viens à peine d'avoir dix huit ans et déjà tant d'épreuves derrière moi.



Dehors, le vent souffle fort,  un nuage bas et épais cache le soleil, signe annonciateur de la pluie. J'opte pour un legging noir , un pull manche longue de la même couleur qui m'arrive jusqu'à mi-cuisse. Les vêtements sombres reflètent ce je ressent . Je me vois mal porter des vêtements clairs et riches en couleurs comme Brian, alors qu'au plus profond de moi, mes sentiments sont des plus sinistres.

Je tire mes cheveux blonds pâles en queue-de-cheval et me voilà prête pour une autre journée chaotique.



Quand, je descend les escaliers et pénètre dans le salon, mon esprit est toujours préoccupé par l'étrange comportement de mon père. Alors que je m'apprête à commander une pizza pour le dîner, je constate que mon frère ne se trouve plus dans le salon où je l'ai laissé quelques minutes plut tôt. Un petit papier posé sur la table attire mon attention. Je me baisse pour m'en saisir , je reconnais au premier coup d'œil l'écriture de Brian: “Parti prendre l'air à la plage, marre d'être enfermé”.

Je pousse un juron, c'est bien mon frère, il fallait s'y attendre, il est incapable d'obéir à un ordre donné par mon père. Il a toujours été la brebis galeuse de la famille. Malgré le temps qu'il fait, et l'interdiction de mon père , je dois sortir chercher Brian. Mon père sera furieux s'il s'aperçoit qu'il lui a désobéi. Je remonte dans ma chambre et prends une paire de bottes et un parapluie.



Quand je sort de la maison, le ciel est encore chargé de nuages, un vent frais vient  me griffer le visage. Ce n'est pas vraiment le temps idéal pour faire une promenade.

Résignée, Je me rends donc vers la plage malgré l'interdiction de mon père.

Comme toujours je ne passe pas inaperçue dans la rue. Tout au long du trajet, les hommes me jettent des coups d'œil appréciateurs , certains vont même jusqu'à siffler sur mon passage. J'ai droit à un : "Toi alors, on peut dire que tu ne passes pas inaperçue". D'un vieux pervers qui m'a agacé au plus au point.

En ce qui concerne la gente féminine, c'est plutôt de la jalousie que je lis sur leurs visages.  Avant de connaître la vérité sur mes origines, ce genre de comportement me flattait mais maintenant ça me laisse indifférente. J'aurai voulu passer inaperçue car à l'intérieur de moi je me sens vide, transparente, juste une coquille vide. J'aurai voulu que les autres me voient telle que je suis vraiment. Une ombre.



La plage de Kennebunk Port est située au centre des sites Camden , au pied d’un massif montagneux, à une altitude de deux cent mètres. C'est l'une des plus belles plages de notre région mais à cette époque de l'année, le Pineapple express bat son plein et  bien que la journée soit déjà bien avancée , il n'y a pas une âme à la ronde. Des belles journées sont de moins en moins fréquentes.

Le paysage est toujours aussi magnifique malgré le temps gris et maussade qui caractérise notre région .

La plage est entourée des  montagnes basses  et vallonnées, les deux côtés de la rive sont surplombés  par l'immense forêt qui s'étend à des kilomètre. Je n'ai pas du mal à trouver mon frère. Il est assis sur un gros tronc d'arbre près d'un rocher face à l'eau. c'est là que ma mère et nous, nous asseyions quand nous venions à la plage. J'ai beaucoup de souvenirs d'enfance dans ce lieu.

Il fait froid et je n'ai aucune envie de m'attarder. Sans même lever les yeux dans ma direction Brian marmonne.



-Tu te rappelles quand nous venions ici avec maman?



Je ne répond pas, Tout est calme , tellement paisible. Comme le calme avant la tempête.



-Ne t'inquiète pas pour papa, il a juste peur qu'on te kidnappe pour la énième fois.



-Et si ses peurs étaient fondées?

J'avance près de lui. Cette fois, il lève ses yeux bleus vers moi et tapote le tronc d'arbre, m'invitant à m'assoir à côté de lui. Je m'assois, un vent glacial vient me griffer le visage, m'enlevant au passage, l'envie d'admirer la beauté du paysage. Mais au son de sa voix, je comprends que Brian a besoin de parler.



-Aucun risque. Me répond-il. Ici tu es protégée, Jason ne laissera personne te faire de mal.



Encore lui, décidément...



-Qu'est-ce que tu en sais?



Je ne distingue âme qui vive aux alentours, même les animaux semblent s’être volatilisés du décor.



-Vous êtes liés tous les deux, si tu es en danger il le saura, crois-moi.



-Super, si je comprends bien, il va être tout le temps sur mon dos.



-Il est déjà sur ton dos.



-Pardon?



-Ah tu ne savais pas!



-Savoir quoi?



-Eh bien, disons que le Chiwawa est attiré par toi comme un aimant. Dit-il en haussant les épaules. C'est à cause de l'imprégnation. Tu ne sais toujours pas ce que ça implique hein!



-J'ai cru comprendre qu'il est ...enfin qu'il est amoureux de moi malgré lui.



-Si c'était aussi simple petite sœur...dit il en soupirant.



-Eh bien, crache le morceau! Dis-je, en le poussant gentiment de mon épaule.



Il fait un petit sourire , ramasse un petit caillou près de son pied et le lance dans l'eau. Le caillou fait plusieurs bonds dans l'eau avant de disparaître. 



-Tu n’as peut être pas encore compris dans quel merdier tu t'es fourrée cette fois. Tant que vous serez liés ...Il s'interrompt et plante ses yeux dans les miens . C'est beaucoup plus compliqué qu'être simplement amoureux. Pour lui, tu es la seule personne qui compte, rien n'existe vraiment en dehors de toi. Tu es le centre de son univers. Il est enchainé à toi, et il portera le poids de cet amour tel un fardeau toute sa vie, et comme c'est un loup il est particulièrement sensible contrairement à toi. Il esquive un sourire malicieux , Il doit mortellement souffrir d'être ainsi loin de toi.... Je ne sais toujours pas comment il tient sans te voir.



Jusque là, je n'ai pas mesuré les conséquences de l'imprégnation. Je sais que Jason est amoureux de moi malgré lui, mais le tableau que Brian vient de me peindre n’eet pas des plus beaux. Très franchement, je n'aimerai pas être à sa place. Il m'attire mais je ne ressens aucune attraction incontrôlable envers lui.

Je pensais que les sentiments que ressent Jason envers moi étaient contrôlables, d'ailleurs il m'a déjà prouvé qu'il peut gérer ses sentiments. Dans la forêt, il ne m'a pas paru souffrir le martyr. Mais je connais mon frère, Brian n’est pas du genre à raconter n'importe quoi juste pour le plaisir de s'entendre parler. Cette histoire commence sérieusement à me filer la migraine.



-Tu ne plaisantes pas, n'est-ce pas? Dis-je. Il secoue la tête.  Et merde, cette fois j'ai fait fort. Je suis dans de beaux draps. Je comprends maintenant pourquoi il appelle ça une malédiction. Je  fronce les sourcils, et plonge mes yeux dans les siens, curieuse de savoir d'où il tient toutes ces informations . comment peux-tu savoir tout ça?



Brian n'a pas le temps de répondre car la température chute brusquement. A cet instant nous sommes très loin d'imaginer ce qui va se passer. Il faisait déjà froid mais ce brusque changement de temps n'est pas naturel. Puis l'impensable se produit. D'abord, une lumière très vive comme celle qui précède le grondement du tonnerre apparaît à quelques mètres de nous, vient ensuite les bruis des animaux qui courent. 

Quelques secondes plus tard, des animaux affolés sortant de partout et de nulle part courent dans notre direction . Au dessus de nous les oiseaux, eux aussi pris de panique, s'enfuient en croissent. Ensuite un phénomène bizarre se produit sous nos yeux. Des arbres se plient les uns après les autres comme si un géant marchait dessus.

Je cligne plusieurs fois les yeux, abasourdie . Sans même me laisser le temps de me remettre de mes émotions Brian m'attrape par la main et nous entraine dans la forêt .



-On s'arrache. Crie-t-il car le vent souffle fort. Il me traine derrière lui en courant.



Aussitôt je me rappelle l'avertissement de mon père, et une terreur sans nom me submerge. Voilà pourquoi il nous a interdit de sortir. Il savait. Il savait ce qui allait se passer.

Un coup d'œil par-dessus mon épaule m'apprend que nous sommes effectivement pris en chasse. Quoi que ce soit  la chose qui nous poursuit, doit être immense et elle  se déplace à une vitesse effrayante. Je ne parviens pas à la distinguer car des feuilles me cinglent le visage , en plus des branches sauvagement agitées par le vent qui rendent notre courses difficile.

Il fait presque noir, dans la forêt, les arbres cachent la lumière du jour mais malgré cela  nous continuons de courir à un rythme effréné. Pourtant je suis sûre que notre poursuivant gagne du terrain. La peur me glace le sang , je ressens une peur mortelle, quelque chose va se passer dans les minutes qui suivent, quelque chose de grave.



-Alex .... Crie mon frère dans un souffle. Accélère.



A peine finit-il de prononcer ces mots, quelque chose me percute brutalement, m'envoie valdinguer contre un arbre. Le choc est tel que je ne sens même pas mes os se briser. J'entends juste un bruit sec, comme quand un bout de bois casse en deux morceaux.

J'entends les hurlements de Brian me parvenir au loin.

Pliée en deux mon cœur cogne contre ma poitrine et à chaque inspiration, j'ai l'impression que mon coeur se déchire. En relevant la tête pour faire face à mon agresseur, la faible lumière qui filtre entre les arbres, me relève alors une pure horreur. La chose qui se tient devant moi me remplis d'épouvante.

La créature est à quatre pattes et se trouve seulement à quelques pas de moi.

Mes yeux sont écarquillés par l'horreur.

C'est une sorte de Lazare géant. Tout son corps est recouvert de longues écailles vertes et rouges. Sa longue queue me fait penser à celle d'un alligator, ses membres sont munis des longues griffes jaunes redoutables.

Je pousse un cri strident et la créature tourne la tête vers moi , Ses yeux sont d'un rouge flamboyant. J'ai là devant moi une vision de l'enfer.

Soudain , il se met debout et l'horreur est à son comble. Il est énorme , il fait trois fois la taille d'un homme adulte. Quand il déploie ses ailes et pousse un cri aigu révélant au passage ses énormes dents blanches et pointues qui rappellent celles d'un requin. Un hurlement d'effroi s'échappe de ma bouche.

Son cri épouvantable fait vibrer le sol et mes genoux se mettent eux aussi à trembler. Vu de près, le plus impressionnant sont ses dents, ils peuvent arracher la tête d'un homme d'un seul coup.

Tétanisée par la peur, la bouche sèche,  mon cœur bat à tout rompre.

C’est alors que Brian se met à crier, je crois d'abord qu'il est prit d’une crise de folie mais je m'aperçois ensuite qu'il essait d'attirer l'attention sur lui car la bête me fixe intensément. Elle l'examine un instant avec ses yeux rouges puis le temps d'un battement de cœur elle fonce sur Brian .

Au moment où je pense que tout est perdu, des martellement de sabots se font entendre. Le bruit me fait penser aux taureaux galopant dans une épreuve de rodéo. La terre commence alors à trembler, les martèlement se rapprochent de nous à une vitesse folle. J'entends ensuite des grognements et des cris sourds faisant penser à des mugissements. C’est alors que des loups apparaissent de toutes parts. L'un d'eux saute sur la créature manquant de percuter Brian de plein fouet et envoyant par la même occasion la créature dans les airs.

La créature tombe lourdement sur le sol mais n'émet pas le moindre son pourtant la douleur doit être terrible.  Elle se remet aussitôt debout en chancelant .

Le loup pousse un grognement rauque plein de fureur, il est aussi grand que la monstrueuse créature . Mes yeux s'écarquillent en le reconnaissant.

C'est Jason.

Soudain, comme si ce n'était déjà pas assez, le corps de la créature est pris d'une sorte de spasme, et un cri guttural sort de son museau.  Tout son corps est secoué par un violent tremblement. C’est alors que le pire des cauchemars commence. Et bien sûr, je me trouve aux premières loges pour assister à l'événement.



Il pousse une sorte de hoquet , ensuite il ouvre largement son museau, une sécrétion verte gluante dégouline de sa gueule frémissante,  laissant passer la tête d'une autre créature. Celle-ci est aussi couverte d'écailles et semble être la copie exacte de sa mère. s'il était plus petit en sortant de la bouche de sa mère, il grandit à vue d'œil. Quand des ailes lui poussent sur le dos, mes yeux sont écarquillés par l'horreur.

Le loup de Jason pousse un cri et en un éclair vient se placer entre moi et la créature, les autres loups encerclent la bête et se mettent alors en position d'attaque. Pendant ce temps, la bête est secouée d'un deuxièmement tremblement.



Alors que cette vision cauchemardesque se déroule devant moi , je perds pied, mon esprit ne pouvant supporter d'avantage se met en état de veille.

Mais avant de sombrer totalement dans le noir, j'ai le temps de voir les loups se jeter d'un seul élan sur les deux créatures, mâchoires ouvertes. Un cri d'effroi retentit de la bouche d'une des créatures mais je ne l'entends que de loin comme si je suis déjà à plusieurs mètres de là. On peut m'appeler la reine des situations étranges. Décidément j'y suis abonnée. Cette scène est surréaliste.



Quand j'ouvre les yeux, mes oreilles sifflent et  une douleur épouvantable me traverse le crâne. J'ai mal partout, jusqu'aux pointes de mes cheveux. Deux visages  inquiets m'observent , celui de mon père et celui de Brian. Cependant une troisième personne est dans la pièce, qui se trouve être ma chambre. Je ne sais pas comment je suis arrivée jusqu'ici. Je me souviens être dans la forêt avec Brian, nous essayons d'échapper à un monstre sorti tout droit du bouche de l'enfer. C'était un cauchemar. Oui, ça doit être ça. Un cauchemar. J'ai sûrement crié dans mon sommeil voilà pourquoi Brian et mon père se trouvent dans ma chambre. Mais alors qui est cette troisièmement personne ? Elle regarde par la fenêtre, son dos est face à moi, en l'observant attentivement, je sais immédiatement qui il est. Jason.

Il porte un Jean bleu ,  un t-shirt blanc et des baskets de la même couleur que son t-shirt. Ses cheveux sont attachés en queue-de- cheval. Même de dos il est absolument à couper le souffle. Le voir dans ma chambre a quelque chose de bizarre. Un frisson glacial me traverse le corps quand les pièces du puzzle se mettent en place.



-Ce n'était pas un rêve hein? Dis-je en regardant le visage inquiet de mon père.



Mon père pousse un soupir de soulagement mais me répond avec cet air toujours inquiet.



-Non.



-Ok. Je déglutis. On est foutu.



-Cette chose est morte Alex. Dit Brian en venant se placer près de mon père. Je suis soulagée de le voir sain et sauf. Cependant une tension palpable règne dans la pièce....



-Qu'est-ce que..?



-Les loups se sont régalés. Dit-il  carrément consterné cette fois.

Je regarde en direction de Jason, les bras croisés sur sa poitrine, il observe toujours le paysage devant la fenêtre de ma chambre. Ma fenêtre.

Je ne sais pas pourquoi mais cela m'agace.



-Ils l'ont bouffée? Je demande ahurie. Toutes les deux ...je veux dire , les deux bêtes.



-Ouiai. Mais elles n’étaient pas que deux. Elles se sont encore....multipliées , c'est...J'ai cru que mon cœur allait lâcher.



-Beurkk. Je sens la nausée me monter au nez.



Jason se détourne enfin de la fenêtre et me fait face. si ma famille affiche un air inquiet , Jason par contre a cette expression arrogante que je commence à détester.



-D'autre viendront et c'est toi qu'ils veulent. Dit-il, le visage toujours inexpressif.



-Pourquoi le Roi des clébards est dans ma chambre? Dis-je en désignant Jason de la tête.

Je sais, c'est injuste car il est venu nous secourir dans la forêt mais le voir ainsi me dévisager, avec un air de suffisance me met hors de moi et me fait oublier un instant qu'il est notre sauveur.

Il pousse un grognement, ses narines se dilatent. Comme toujours je le met en rogne et savoir cela me procure une joie immense.



-Alex. Mon père me réprimande rien qu'en prononçant mon prénom. Les parents sont forts pour ce genre de choses. Pas besoin d'une longue phrase pour se faire comprendre. ... il vous a sauvé la vie. Dit-il, mécontent.



J'ai beaucoup de défauts mais je ne suis pas ingrate. Même s'il ne pouvait faire autrement à cause de l'imprégnation, sans lui et sa meute, nous ne serions probablement plus de ce monde. Il mérite ma reconnaissance et celle de ma famille . Je le regarde et esquive un sourire sincère sur les lèvres.



-Je te demande pardon. Je ne te remercierai sans doute jamais assez .



 Il se redresse et fronce les sourcils. Je me tourne vers mon père.



-Pourquoi ne suis-je pas à l'hôpital ? Je dois avoir quelques côtes cassées je crois.



Je me rappelle le bruit de bois brisé que j'avais entendu lorsque la bête m'a envoyé dans les airs.



-Tu as seulement quelques hématomes, Dieu merci. répond mon père. On ne voulait pas prendre le risque de t'emmener à l'hôpital...........Un ami de Jason est venu t'examiner.



-Un ami?



-C'est un loup, il n'y a donc rien à craindre.  Il reviendra plus tard pour suivre ton évolution. Grâce  à leur médecine, il a réussi à guérir presque toutes tes blessures.



-Leur médecine?



-Je t'expliquerai tout ça plus tard. Dit mon père en se levant. Tu veux boire quelque chose?



-Non, merci papa.



-Bon alors, redresse-toi. Je m'exécute et il place  plusieurs cousins derrière ma tête et sur mon dos. Voilà, comme ça tu seras plus à l’aise. Nous avons à parler.



Je suis d'accord, j'ai beaucoup des questions à lui poser. Comment pouvait-il savoir que nous courions un danger mon frère et moi hors de la maison? Étions-nous réellement protégés dans la maison?  Cette bête, c'est quoi au juste? Pourquoi Jason est-il encore chez moi?

Brian se tourne vers Jason et lui lance un regard plein de venin.



-Eh bien personne ne te retient Sheridan, elle va bien. Tu peux t'en aller.



-Et si tu arrêtais de faire l'enfant Mckoy, on a d'autres chats à fouetter. Répond un Jason agacé.



Voilà d'où vient la tension, Brian et Jason ne peuvent se supporter. Brian ne m'a jamais dit ce qui les oppose. Mon père tourne la tête d'un air las.



-Vous allez arrêter les enfantillages. Aboie-t-il. Arrêtez ça tout de suite.



-Qu'est-ce qui se passe? Je demande, frustrée d'ignorer la raison pour laquelle ils se déteste mutuellement.



C'est Brian qui me répond en fusillant Jason du regard.



-Sheridan veut que tu ailles habiter avec lui à la villa. Dit-il les dents serrées.



-Quoi?

J'ai un bref instant d'hésitation, j'ai cru avoir mal  entendu . Jason veut que j'aille habiter avec lui?



-Pour quelle raison?

-Cette chose qui vous a attaqué a été envoyée par quelqu'un. Tu n’es plus en sécurité ici. La seule façon de te protéger est de venir t'installer à la villa. Là-bas, J'aurai les moyens de te protéger. Il y a cinquante loups dans le domaine qui pourront assurer ta protection. Dit Jason en me coupant la parole. En atendant de...



-Il répète ça comme si ça avait un sens. Dit Brian en lui coupant la parole à son tour .Avec nous à tes côtés tu n'a pas à faire ce choix Alex.



-C'est temporaire . Continue Jason sans même un seul regard pour Brian. Ses yeux verts sont fixés sur moi.....et tu n'habiteras pas vraiment avec moi, si c'est cela qui t’inquiète. Il y a une maison annexe, toi et ta famille pourrez vous installer si vous le souhaitez...et....



-Arrête ton baratin, t'es lourd Sheridan. T'es obsédé par ma sœur. Il pointe son doigt vers Jason. Tu la veux mais je te préviens, tu ne toucheras pas.



On nage en plein délire. C'est un cauchemar, je vais me réveiller. Quelqu'un me déteste au point de m'envoyer une bête tout droit sortie d'un film d'épouvante et tout ce qu' ils trouvent à faire, c'est de se chamailler comme des fillettes. Comme si tout ce qui passe n'est pas déjà assez compliqué. Qui plus est, c'est pas très malin de provoquer un loup garou. Si jamais il venait à s'énerver, je ne donne pas chère ma peau. Ni celle de Brian ou de mon père. S'il pète un câble, la police nous ramasserait à la petite cuillère le lendemain matin.  Ma gorge se serre, J'ai du mal à respirer à cause de la colère.



-Tu as disjoncté, qu'est-ce qui te prend Brian? Dis-je furieuse contre mon frère.



-Il n’est pas celui que tu crois, Alex. Vas-y Sheridan explique lui, je t'en prie et ne sois pas modeste revendique ta part de l'histoire.



Je lève les yeux vers Jason pour entendre ses explications. Celui-ci regarde Brian d'un air condescendant et prononce la phrase qui me fait bondir le cœur.



-J'ai baisé l'amour de ta vie, il faudra que tu t'y fasses mon vieux. Passe à autre chose et fous moi la paix. Si ça peux te soulager, sache que je l'ai rendu heureuse.



Fou de rage, Brian bondit sur Jason , mais celui-ci s'écarte au moment précis où Brian arrive sur lui. Le temps qu'il comprenne ce qui vient de se passer, Jason est déjà de l'autre côté de la pièce. Frimeur.

J'avais déjà vu Brian comme ça une fois, en CM2 , quand il s' était jeté sur Grigori Louchesko,  parce que celui-ci avait piqué son sandwich. Brian a fini à l'infirmerie avec des bleus un peu partout sur le corps. J'aime mon frère mais il n'a aucune chance de l'emporter face à Jason. C'est un fait.



-C'est tout ce que tu as trouvé  Mckoy. Lance Jason de l'autre côté de ma chambre, avec une lueur d'amusement dans sa voix.



Je suis dépitée. Voilà pourquoi Brian le haïssait autant, une histoire de fille évidemment. Un classique. Impossible de quitter Jason des yeux. Je savais déjà qu'il n' était pas un saint mais comme d'habitude il arrive toujours à me surprendre.



-Bon. Dit Jason en claquant des dents. Ne perdons pas de temps avec des futilités, allons droit au but, vous devriez vous joindre à moi contre notre ennemi commun.



Son arrogance est sans limite. Ça déborde de partout, c'est écœurent. Mais ce qu'il y a de plus pervers dans cette histoire, c’est que je me sens froissée, blessée comme s'il m'avait trahie. C'est pathétique.



-Tu n'as pas de couilles, continue Brian avec furie.  tu n'en as jamais eu.



-Offre toi des strings moins serrés, ça énerve la ficelle dans le cul. Répond Jason. Cette fois , il le regarde droit dans les yeux.

J'ai failli éclaté de rire mais je ne veux pas faire plaisir à Jason puis Brian est mon frère. Ça aurait été mal venu de ma part.



-Ennemi commun? Dis-je pour changer de sujet . Même si au fond de moi un violent sentiment de jalousie fait sombrer mon cœur.



Mon père s'approche de Jason et lui fait face. Il n’est pas aussi grand que Jason, celui-ci le dépasse de deux têtes mais personne n'a jamais impressionné Ben Mckoy, même pas l'alpha de la côte ouest des Etats Unis.



-Je respecte ce que vous faites Jason . Dit mon père d'un ton neutre. Je vous suis très reconnaissant d'avoir sauvé la vie de mes enfants. Mais cela ne m'oblige pas à vous aimer. Je ne permettrai pas ce genre de comportement sous mon toit. Sans même se tourner vers Brian, il dit.

-C'est valable pour toi aussi Brian.

Avec toujours cet air détaché, Jason fronce les sourcils.



-Avec tout le respect que je vous dois Ben, permettez moi de vous dire, que je ne suis pas le genre d'homme dont vous aimeriez vous faire un ennemi.



-Tu peux nous laisser maintenant. Répond celui-ci. J'ai besoin de parler à mes enfants. Nous allons réfléchir à ta proposition.

Il hoche la tête et tourne vers moi, Brian lui lance toujours un regard plein de mépris.



-Réfléchie. Réfléchie bien Alex, le choix t'appartient.



Cette fois je sens de l'autorité dans sa voix, je me force à résister. Il essait de me manipuler, de brouiller mes idées comme il le fait certainement avec sa meute, mais moi je ne suis pas une louve. Cet homme est arrogant et narcissique. Jason a un ego surdimensionné, c'est exactement le type de mec que je déteste.



- Je ne suis pas intéressée. Et comme tu viens de le constater, ma famille non plus. Essayez plutôt de prendre la porte si votre tête arrive encore à passer.



Il se fige un instant comme une statue de pierre. Puis  en sortant, il claque la porte derrière lui avec rage. Quelques secondes après j'attends le bruit d'une voiture qui démarre.  



-On t'écoute papa , dit nous ce qui se passe.



Mon père se place près de ma fenêtre, là où se tenait Jason quelques instants plus tôt. Un éclair retentit au loin puis s'ensuit des bruits de tonnerre. Ma fenêtre 

est ouverte, le vent souffle fort faisant voler les papiers qui se trouvaient sur ma table de chevet. Mon père se penche pour ramasser les papiers. Peu à peu le vent laisse place à la pluie. Au loin j'entends les hurlements des loups .............



-Ils sont dans le bois? Je demande stupéfaite. Je veux les voir.



-Tu ne pourras pas les apercevoir. Le loup dans son habitat naturel est à la fois invisible et omniprésent. Ils sont bien là, oui, continue Brian. Le Roi des clebs a sans doute laissé derrière lui quelques loups pour protéger la maison.



-Comment peux tu savoir autant de choses sur les loups?



Brian s'installe près de mon lit et me prend par la main.



-Depuis que nous savons qu'il est imprégné, je fais des recherches. S'il ne trouve pas comment vous libérer du lien qui vous unis, moi, je le trouverai. Je suis désolé petite sœur , je t'ai mis en danger aujourd’hui.



-T'inquiète le danger ça me connait.



Mon père se tient toujours près de ma fenêtre, la pluie tombe averse maintenant , il fait gris . Il semble être à des milliers des kilomètres de nous.



-Cette chose qui nous a attaqué, tu sais ce que c'est n'est-ce-pas? Je demande à mon père.

-C'est un stryges



-Comme celui de la mythologie? Demande Brian, les yeux écarquillés.



-Oui, mais comme vous l'avez constaté, celui-là est différent de celui de la mythologie. Les stryges sont des sbires.....Jason a vu juste. Il a été envoyé par quelqu'un.



-Et bien sûr tu sais qui c’est. Dit mon frère. Il prononce cette phrase sur un ton chargé de reproche.



-Oui..... c'est Gabriel.



Sur ce, Mon père fait volte-face et se tourne vers nous.



-Gabriel? Répète mon frère en fronçant les sourcils d'un air dubitatif.



-Oui.



-C'est qui Gabriel? Curieuse mais aussi effrayée de savoir qui est derrière tout ça.



Mon frère qui est toujours en avance par rapport à moi, me répond mais ses yeux sont rivés sur mon père.



-Papa essait de nous faire croire que c'est l'ange Gabriel, "Je fronce les sourcils, incrédule"  Oui, Celui là même qui est censé résider au paradis. Il se met debout et fixe mon père d'un air faussement inquiet. Depuis la mort de maman tu sembles un peu ailleurs. Je peux comprendre que....



-Ca suffit Brian, prend-moi pour fou si tu veux. Se tournant vers moi il me fixe intensément. Mais Alex toi tu le sais n'est ce pas! tu l'as toujours su. Au fond de toi tu sais que nous t'avons raconté des mensonges ta mère et moi.



J'observe mon père, incapable de prononcer un mot. Puis je finis par dire.



-Commence par le commencement.



-Chérie, avant tout, il faut que tu saches que si nous t'avons caché la vérité, c'était pour te protéger. Toi et Brian vous êtes nos biens les plus précieux. Mon vœux le plus chèr est que vous soyez heureux et meniez une vie magnifique.

Sur ce, il  retourne à nouveau vers la fenêtre. Je ne sais pas ce qui les poussent tous vers ma fenêtre. La vue est imprenable, c'est certain, mais comme Jason mon père semble particulièrement attiré par cet petit coin de ma chambre .

Son visage prend un air presque hanté lorsqu'il commence son récit.

-Comme vous le savez, Gabriel est un ange de Dieu, l'un de ses fils pour être précis. Il n’est pas seulement un ange, c'est un archange mais surtout un guerrier. Son nom signifie " Dieu s'est montré fort ". Il y a bien longtemps une guerre a fait rage au paradis, les anges déchus et les anges du Seigneur se sont livrés une guerre sans mercie. Les anges ne pouvant plus protéger les humains , Gabriel s'est mis en tête de créer une race supérieure capable de protéger les humains des démons qui envahissaient la terre.  C'est ainsi que naquit des demi-dieux, des créatures hybrides , Suprahumaines possédant des pouvoir qui dépassent l'imagination.

Il hésite à continuer. Passe un très long moment de silence qu'il fini par rompre.



-Pour avoir enfreind la loi divine en créant une autre forme de vie, Gabriel fut chassé du paradis. Alors, ses enfants se sont rebellés, tuant les anges du ciel mais aussi de l'enfer. Des siècles durant, ils ont mis la terre à feu et à sang , détruisant tout sur leur passage. Pendant longtemps on les a appelé "ceux qui font tomber les autres". La terre était devenue si violente, à cause de l’influence des fils et des filles de Gabriel, que YAHVÉH,  Dieu, dans sa qualité de maître des mondes décida d’anéantir l’humanité par un déluge. Il précipita le monde humain dans le chaos, il effaça toute créature existante qui se trouvait à la surface du sol, depuis l’homme jusqu’à la bête. Eliminant ainsi par la même occasion toute trace de créature hybride sur terre.

....



Il hésite et détourne les yeux, il eut un deuxièmement long moment de silence. Le silence est tellement palpable, que je peux entendre les battements d'ailes d'une mouche qui se pose sur mon lit.

Le silence qui règne dans la pièce est insoutenable. Mon père finit par le rompre en s'approchant lentement de mon lit.



-Toutefois l'un de ces hybrides parvint à survivre...........

Le souffle court, je regarde mon père. Son histoire prend alors sens dans mon esprit. Je le savais.

Oui, je l'ai toujours su. Il a raison, tout au fond de moi, je savais.

Tête baissée, je prononce la phrase suivante avec une boule au ventre en hochant la tête en signe d'assentiment.



-Je suis l'un d'eux. Je suis la fille de Gabriel. Je suis une Nephilim .