mercredi 27 novembre 2013

Interview de Caroline Vermalle


Couverture de Sixtine

Sixtine est un des derniers titres black Moon qui ne peut laisser insensible. 
Envoûtant  fascinant, captivant, haletant… je n’ai plus assez d’adjectifs à mon actif pour qualifier ce roman Young-adult d’une richesse épatante!
C’est un de mes derniers coups de cœur. Sorti en novembre 2013, si vous ne l’avez pas encore lu, foncez !
(chronique: Ici)
Et pas besoin d’aller chercher le talent outre-Atlantique, Caroline Vermalle est une auteur française au style impeccable, à l’imagination débordante, avec une sacrée volonté de s’amuser avec les nerfs de ses lecteurs…
Ni une ni deux, vous me connaissez maintenant, je suis partie à la rencontre de cette auteur. Elle a bien voulu répondre à mes questions. Après une pression d’enfer, celle de poser les bonnes questions, les questions originales et intéressantes, je me suis lancée.
Avec un grand merci à elle, voici donc pour vous :


Audrey : Comment s’est passé la rencontre entre vous et la collection Black Moon ?

C.V : Vous êtes prêts pour un enchaînement d’événements complètement improbables ? (Si non, passez à la prochaine question). D’abord ce Prix Chronos décerné par les lycéens en 2011 pour mon premier roman L’avant-dernière chance (lui-même publié en 2009 grâce à un concours, le PrixNouveau Talent de la Fondation Bouygues Telecom) qui a piqué l’intérêt de Black Moon suffisamment pour qu’ils me proposent d’écrire la nouvelle La Fille du Déménageur pour le recueil Nouvelles Contemporaines, Regards sur leMonde). La collaboration a été idéale, et au hasard d’une conversation informelle, mon éditrice m’a demandé si j’avais une idée de thriller. J’ai parlé de Sixtine, qui n’était jamais sortie de mon tiroir, et à peu près 10 minutes plus tard, le projet Black Moon était né ! Comme quoi, les contes de fées existent vraiment... (Et d’ailleurs, la boucle est bouclée, puisque L’avant-dernièrechance a été réédité par le Livre de Poche Jeunesse et est sorti le même jour que Sixtine.)

Audrey : Comment s’est imposée l’idée de départ de Sixtine ?

C.V : C’est la fin qui s’est imposée à moi au départ, donc vous me pardonnerez de ne pas répondre ! Mais j’avais depuis longtemps très envie de me plonger - et de plonger le lecteur - dans l’univers étrange et fascinant qu’est le monde de l’archéologie et du trafic d’antiquités, que j’avais découvert grâce à mon travail à la télévision britannique, la BBC.

Audrey : A combien estimez-vous la part d’influence d’Indiana Jones sur votre inspiration ? avouez tout !

C.V : Ah, ce cher Indy... Indiana Jones, Tintin, Blake & Mortimer, Hercule Poirot même : des personnages qui m’ont donné le goût de l’aventure et du suspense et des mystères exotiques. Mais pour créer Sixtine, il a fallu tous les oublier ! Car dès le départ je voulais une histoire qui puisse hanter le lecteur. Pour cela, il a fallu aller chercher un peu plus profond dans l’idée du Bien et du Mal, avoir recours à une palette plus trouble pour peindre l’humanité de mes personnages. Vu qu’on est sur le sujet des héros, personnellement j’ai toujours aimé le côté sombre et torturé de Batman. Donc si je devais résumer grossièrement, Sixtine, c’est Indiana Jones avec la psychologie de Bruce Wayne, trempant dans des cauchemars sortis des pages du National Géographic. (Mais sinon, chez moi, tout va bien, merci :))

Audrey : Avez-vous terminé d’élaborer le schéma diabolique de l’intrigue qui nous mène par un suspense intenable ? Ou êtes-vous encore en train de réfléchir à mieux nous « torturer »?

C.V : Le schéma est là et particulièrement tordu, mais je peux toujours faire mieux...

Audrey : Sur combien de tomes, d’ailleurs, cette intrigue va-t-elle nous tenir en haleine?

C.V : Trois au total.

Audrey : Avez-vous conscience de votre faculté à diaboliser des récits, en bref à nous offrir des fabuleux tourments de lectures ? Pourquoi ce sadisme ?

C.V : Une intrigue riche et cohérente, des thèmes profonds et un rythme haletant - c’est tout ce que j’essaie de faire. Du sadisme ? Vous me flattez !

Audrey : Vous êtes-vous inspirée de certaines personnes pour créer vos personnages ?

C.V : Pas vraiment. Mon expérience au sein de la BBC a permis d’esquisser Florence, mais nos ressemblances s’arrêtent là. Comme Max, mon mari (et collaborateur) Ryan von Ruben est diplomé de l’école d’architecture londonienne l’AA, mais là aussi, ça ne va pas plus loin. Ah si : si un jour, Hollywood vient sonner à ma porte, il faudra qu’ils arrivent avec un contrat pour Morgan Freeman, parce que j’ai écrit Franklin juste pour lui !

Audrey : Quel est le personnage de Sixtine qui vous touche le plus et pourquoi ?

C.V : Les personnages m’interpellent de différentes façons, mais celui qui m’émeut le plus, je pense que c’est Max, car c’est un innocent, quelqu’un de profondément bon, et héroïque par sa loyauté. Sinon, c’est bien sûr Sixtine, car c’est mon « Ève », c’est elle la raison d’être de tous les autres, elle me touche dans le sens où elle et moi sommes liées, d’une façon que je ne peux pas vraiment encore expliquer. Mais je suis sûre que la vie se chargera un jour de me montrer pourquoi j’ai eu besoin de faire exister ce personnage à ce moment-là...

Audrey : Comment s’est passée la préparation du roman, la plongée dans l’univers de l’Egypte contemporaine et ancienne ? Des personnes vous ont-elles aidé ? Vous êtes vous rendue aux pieds des pyramides, dans les musées, les bibliothèques…

C.V : J’ai dû lire quelques centaines de documents, ce n’est pas ce qui manque sur le sujet ! Les pyramides étaient prévues au programme, mais l’actualité m'a forcée à repousser mon voyage. Finalement j’ai interrogé les gens qui connaissaient l’Egypte et le monde des antiquités. Les musées, je les avais déjà visité, j’ai fouillé dans mes archives personnelles. J’ai été épaulée par une documentaliste de la BBC, et dès que je bloquais sur l’intrigue, j’allais en parler avec Ryan. On a passé des journées interminables autour de la table de la cuisine avec des post-its partout. On s’est pas mal arraché les cheveux aussi.

Audrey : Qu’est-ce qui a été pour vous le plus dur à écrire à composer?

C.V : Tout ! Sixtine a été le plus grand défi de ma vie d’auteur. L’ambition était juste énorme - et elle l’est toujours, tant que je n’ai pas écrit le mot FIN sur le T3 !

Audrey : Qu’est-ce qui a été le plus facile, ce qui paraissait comme une évidence ?

C.V : Je me creuse la tête, mais vraiment rien n’a été facile dans la composition. En revanche la collaboration avec Black Moon, ça, ça été une vraie bouffée d’air !

Audrey : Comment sort-on indemne d’une aventure aussi intense que l’intrigue de Sixtine. Facile de couper, de ne plus y penser ? Car pour moi, cela n’a pas été facile…

C.V : J’ai écrit un autre roman entre le T1 et le T2, d’une façon assez maso, ça aide...  Mais malgré cela, Sixtine est toujours là dans un coin de ma tête. Si vous me rencontrez et que je parle toute seule, ne pas s’inquiéter.

Audrey : Avez-vous eu un regard particulier sur le choix du titre, de la couverture, de la promo du livre?

C.V : Pour le titre, il n’a jamais été question que ce soit quoique ce soit d’autre que SIXTINE. Pour le reste, c’est le travail de Black Moon et je leur fais entièrement confiance. Lorsqu’ils m’ont montré la maquette de la couverture actuelle, j’ai juste sauté de joie. Un vrai cadeau...

Audrey : Quel regard portez-vous sur les innombrables avis de lecteurs qui fleurissent aujourd’hui le net ?

C.V : 1) Ils me touchent et me comblent et m’inspirent 2) Ils me terrifient, la pression de malade pour les autres tomes ! Mais finalement, ma réaction instinctive quand j’entends la grande majorité de mes lecteurs me dire qu’une fois le T1 de Sixtine commencé, ils n’ont pas pu l’arrêter, lu en 36 heures, nuits blanches, tête de zombie le lendemain, etc. c’est de me dire ouf ! parce que... le T1 est le plus lent des trois ! :)

Audrey : Pouvez-vous satisfaire un peu notre curiosité de lecteurs impatients et nous donner un petit quelque chose sur la suite ? Allons-nous avoir des réponses ?

C.V : Tout ce que je peux vous dire, c’est que le T1 était ma façon de mettre à plat l’échiquier, les pions et les règles du jeu. Tous les indices qui vont jouer un rôle capital plus tard, vous les avez lus dans le T1 - même si peut-être, cher lecteur, vous n’y avez pas prêté attention ! (Ne vous sentez pas coupable, c’était prévu comme ça) Si vous avez été emportés par l’intrigue du T1, alors pour le T2, préparez-vous, c’est là que le gros de l’action démarre. Et bien entendu, vous aurez des réponses... particulièrement concernant un certain Thaddeus... qui en intrigue plus d’une, si j’ai bien compris ? :)

Audrey : Lisez-vous des romans jeunesses, young-adult ? Si oui, quels titres vous ont marqué ces derniers temps ?

C.V : Ce n’est pas très original, mais je me souviens être devenue complètement marteau en lisant Hunger Games en 2012. J’étais au milieu de nulle part en Australie, mais heureusement pour mon salut il y avait sur notre route un supermarché qui avait des exemplaires des autres tomes. Autant dire que je n’ai pas vu grand-chose de la région, mais en revanche, Panem, c’est charmant, n’est-ce pas ?... Sinon, la création de Sixtine a été tellement intense que je n’ai presque rien lu pendant 6 mois excepté des documents de recherche. (« Elève Vermalle, excuse bidon, peut mieux faire. »)

Audrey : Avez-vous le temps d’aller choisir quelques bons bouquins à lire ? Si oui, quels sont vos derniers choix ?

C.V : Ma PAL est une blague, c’est une bibliothèque à elle toute seule. En plus je me suis posé un petit challenge, toute seule dans mon coin, qui est de lire les grands classiques anglais en 2014. Un petit aperçu de ma liste ici :
A ce rythme, si j’en lis deux avant la sortie du T3 de Sixtine, ce sera un triomphe... :)

Merci à Caroline, des réponses extra, et une suite à Sixtine qui promet... Je suis très impatiente!
En attendant vous pourrez retrouver Caroline Vermalle au salon de Montreuil les samedi 30 et dimanche 1 décembre.
J'y serai!


3 commentaires:

  1. Wow super cette interview !!! Quelle chance tu as eu de la faire... Merci pour cette générosité de l'auteure, mais aussi la vôtre :-)

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  2. C'est avec plaisir Froggy.
    Franchement Caroline a été adorable, et Sixtine est un très grand bouquin!

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  3. Génial!!! J'ai encore plus hâte de découvrir l'univers de Sixtine ;) Merci beaucoup Audrey ainsi que Caroline Vermalle pour cette interview :)

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