dimanche 16 juin 2013

Arachnae Tome 1, l'archipel des Numées


Résumé:

Des bas-fonds les plus sordides aux éclats de la cour princière, la cité d’Arachnae se livre sans fards, gangrenée par l’horreur et les excès. Dans le Labyrinthe où se côtoient la misère et le vice, des cadavres d’enfants torturés sont retrouvés. Théodora, la belle bretteuse libertine, est contrainte de s’allier avec l’austère Capitaine Gracci pour faire cesser ces crimes, alors qu’une guerre souterraine sans merci se joue entre le prince Alessio et les Moires, ses conseillères, et qu’une secte mystérieuse semble étendre son influence sur l’aristocratie décadente.
Ces alliés que tout oppose parviendront-ils à dénouer la trame des possibles, ou se laisseront-ils engluer dans la toile de la Destinée ?



L'avis d'Audrey:

Tout d'abord je tiens à remercier l'opération masse critique de Babelio et les éditions Mnemos pour ce titre. 


Une découverte étonnante:
J'ai ainsi découvert une maison d'édition spécialiste du merveilleux, de la Fantasy, qui laisse la part belle aux auteurs français. J'ai découvert leur très beau catalogue présentant des couvertures magnifiques et leur nouvelle collection poche Hélios, qui promet des titres très intéressants.


Ceci étant dit je rentre dans le vif du sujet, et j'avoue ne pas savoir par quel bout commencer ma chronique. J'ai été happée par un univers riche, par une intrigue inquiétante, et par des histoires alambiquées, je me suis sentie bouleversée et assez perdue.


En effet, il est un fait indéniable, Arachnae a été pour moi une lecture loin de tous mes choix littéraires habituels. Un roman original, très particulier qui m'a plongé dans un univers noir. Et noir est peut être encore trop pale pour décrire l'atmosphère qui règne dans ce récit.


Nous entrons ainsi, avec cette histoire, dans le genre "dark fantasy". 


Nous suivons différents personnages à travers une narration à la troisième personne, et un point de vue omniscient. Nous allons et venons en différents lieux,  passons d'un personnage à un autre, poursuivons notre lecture avec angoisse et appréhension, témoins impuissants de certaines horreurs. Il est sujet ici d'enquête,  de meurtres et de barbaries qui se multiplient, d’intrigues de pouvoir qui se referment au fur et à mesure de la lecture.


Une probable héroïne:
Théodora est ce qui se rapproche le plus d'une héroïne, nous la suivons un peu plus que les autres à travers son enquête et ses tourments personnels. Jeune assistante du maître d'arme de l'Académie, elle s’essaie à tous les vices, le soir dans les endroits sordides de la ville. Le jeu, l'alcool, l'ambroisie, et les partenaires... Impossible pour elle d'assumer son destin, ni de rester fidèle en amour. Elle néglige ainsi ses talents de bretteuse, ses dons de divination, et surtout son amante la belle Ornella.


Une intrigue de pouvoir:
Pendant ce temps le Prince d'Archnae, Alessio, tente de déjouer les trahisons, et de gouverner la cité avec les Moires. Les Moires sont ces magiciennes conseillères qui ont une certaine influence sur le pouvoir. Alessio déteste ouvertement ces trois femmes, les méprise, se sert de tout le monde, y compris de son épouse et de ses enfants pour régner en maître absolu. Il est question ici de lutte entre le masculin et le féminin. Dans ce roman, les femmes ont une place prédominante dans le pouvoir, elles occupent les plus hauts postes, princesse héritière, gouverneur, maître espion, etc. Ainsi, dans l'univers imaginé par l'auteur, les femmes dominent, de bout en bout, et l'homme n'a qu'une valeur de figuration. Avec le Prince Alessio, ce pouvoir ancestral des femmes est menacé.
Cela étant les enjeux "politico-magiques" d'Aracnae m'ont pas mal échappés par manque de détails , d'informations me permettant de comprendre son fonctionnement.


L'intrigue:
Parallèlement la cité connait des jours sombres, une série de meurtres d'enfants, de tortures indescriptibles ont lieu sur l'autel d'un culte démoniaque...
Théodora se retrouvera au cœur de l'enquête pour arrêter cette barbarie. Elle plongera dans les affres d'une cité complètement débauchée et sinistre. De bordel et bordel elle ira à la rencontre de tous les vices, les injustices, les malfaisances qui ont lieu en toute impunité.
Dans ce roman nous plongeons dans une tragédie urbaine qui fait froid dans le dos, sous fond de fantasy. Aucune description ne nous sera épargnée, les lieux sordides ou les tortures infligées à des enfants. De plus les thèmes abordés sont terribles. Nous sombrons progressivement dans l'univers de la prostitution, la pédophilie, l'esclavage, la drogue, la misère absolue, la puissance et la domination des plus riches sur les petites gens, les meurtres, les intrigues et les trahisons... "Les misérables" à cotés c'est du pipi de chat. Tout cela se dévoile sous une ombre magique de pouvoirs télépathiques étranges.
Dans cette enquête, le corps, les sentiments importent peu. Théodora et Ornella, héroïnes sur le terrain, auront à cœur de dénouer, déjouer ces horreurs. Elles n'auront aucun scrupule à se prostituer, à tuer, à tricher... Et c'est une véritable évolution subtile des personnages que nous suivons au fur et à mesure que l'enquête avance.


Vous l'aurez compris, mon petit cœur sensible de lectrice en a pris un coup. Dark fantasy est un terme encore trop faible pour ce genre que j'ai trouvé à la limite de toutes les horreurs humaines ou inhumaines.


L'écriture:
Cependant, Charlotte Bousquet maîtrise avec minutie son récit. Sait où elle nous mène, même si moi, j'ai été plus d'une fois perdue. Elle se délecte de nous faire souffrir à petit feu, comme un bourreau. A quoi bon suivre une héroïne de bout en bout, non elle alterne sans cesse, d'un personnage à un autre, d'une intrigue à une autre. Elle ne nous offre aucun bon sentiment gratuit, tout est dans l'urgence, la souffrance, les regrets... On est très loin du miel, on est dans le fiel. Le récit est incisif et nous écorche. Les personnages étranges et insaisissables sont pourtant attachants.
Certes, il y a cette finesse d'écriture, ce registre soutenu, ce lexique bien choisi qui nous rappelle d'autres époques. Il y a des passages poétiques, des scènes de pièces théâtrales, des descriptions imagées de divinations... qui font que l'écriture est magnifique.
Enfin, je n'ai pu m'empêcher de retrouver cette atmosphère insaisissable et sombre de "L'assassin royal", autre titre incontournable de la fantasy, ou encore ces trahisons lugubres de pouvoir et de débauches que l'on peut lire dans "Le trône de fer" très en vogue en ce moment.
Charlotte Bousquet, n'empreinte rien à personne, son style est bien personnel. Elle nous dresse juste son roman dans la même veine de certains grands titres du genre. 
Indéniablement "Arachnae" est un titre bien à part, une lecture très particulière. Certes elle m'a malmenée, mais je ne peux mettre en doute sa richesse et ses qualités narratives.


Je lirais certainement les deux autres volets, qui ne sont pas une suite à proprement dit, mais nous proposent de nouveaux personnages. J'ai l'espoir que dans le lot, dans tout ce noir, j'y trouve une petite once de rose ... L'espoir fait vivre!


2 commentaires:

  1. La fille de la couverture me fait penser un peu à Jennifer Lawrence dans Hunger Games héhé

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  2. oui c'est vrai, j'adore cette couverture

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