StephanPelissier est l’auteur d’un petit roman étonnant, plein de
peps, nous laissant sur une fin très ouverte, et une très grande envie d’en
lire davantage !
Paris-Baltimore
est sorti au mois de janvier en format numérique, et sortira au mois de
septembre 2014 en format papier chez Akibook.
Comme
d’habitude, voulant aller à la pêche aux auteurs, je lui ai posé des questions…
Des questions qui fâchent, qui mettent dans l’embarras, qui font plaisir,
autant de questions pour mettre « à nu » ce jeune auteur français.
Bien
sûr en tout bien tout honneur, je ne voudrais pas avoir des ennuis avec la
femme de Stephan !
C’est
parti…
Audrey : Depuis
quand as-tu réellement commencé à écrire, à coucher une histoire sur le
papier ?
Stephan :
J’ai réellement commencé à écrire à la fin de l’adolescence, après que ma
sensibilité m’ait déséquilibré. Au début, des poèmes et des nouvelles. Mais,
c’est plus tard que je me suis mis au roman. Je n’avais sans doute pas
grand-chose à dire avant.
Audrey : Comment
est venue l’idée initiale du roman ?
Stephan :
A la base, j’avais écrit la nouvelle qui apparaît au début de Paris-Baltimore.
Puis, j’ai voulu apporter une touche plus « trash », d’où l’idée de
faire réécrire la nouvelle par Cal en porno soft. Pourquoi ? Parce que le
sexe est partout aujourd’hui. Dans le roman, je fais dire à Cal « qu’on
passe la plupart du temps à penser au cul et à la mort ». C’est ce que
m’inspire la société aujourd’hui. Prenez les pubs à la télé, on vous fait voir
des femmes à poil pour vendre des yaourts. Et si vous ne pratiquez pas
l’échangisme, c’est que vous êtes coincés. On fustige l’Islam mais on voudrait
être polygame. Tenez l’autre fois, je tombe sur une revue
« tendance » qui titrait « je suis fidèle, c’est
grave ? ». Je crois que tout est dit.
Audrey : As-tu
déjà mis les pieds à Baltimore, pourquoi cette ville ? Qu’évoque ce
contexte pour toi?
Stephan :
Non jamais, mais ce n’est pas la question. Le nom « Baltimore »
évoque tantôt pour moi la nostalgie de
quelque chose de perdu, tantôt une sorte
de rêve américain, c’est un peu mon « Rosebud » à moi.
Audrey : As-tu
voulu te rapprocher d’un genre particulier, de certains auteurs ? Marina,
une amie, (elle se reconnaîtra et toi aussi), m’a dit avoir trouvé une touche
de Frédéric Beigbeder dans
ton style ? Es-tu d’accord ?
Stephan :
Je ne sais pas si Marina a raison, mais je le prends pour un compliment. C’est
vrai que j’aime bien Beigbeder. J’évoquais l’autre fois son roman sur le 11
Septembre « Windows on the World », un chef d’œuvre. L’histoire est
simple. Comment se représenter ce qui s’est passé en haut des tours ce jour-là.
Rien de plus vrai que de l’inventer. Tellement la réalité a dépassé la fiction.
C’est l’idée du livre. En plus, sa structure est intéressante. Je persiste à
penser que Beigbeder devrait écrire des tragédies, c’est là qu’il est le
meilleur. Pour revenir sur la forme de « Paris-Baltimore », j’ai
voulu imprimer du rythme, un style direct et percutant. Au risque de paraître
familier parfois. Et puis, l’idée d’écrire des phrases de 15 lignes, ce n’est
pas trop mon truc.
Audrey : Es-tu
conscient qu’avec la fin que tu nous as offert, tu vas frustrer pas mal de
lecteurs, surtout des lectrices qui aiment les happy-end, et les fins
accomplies ?
Stephan :
Au contraire, je pense que beaucoup se retrouvent dans cette fin. Tout le monde
est passé par ces moments. Parfois, ça fait du bien de voir que d’autres ont
vécu les mêmes choses que vous. Et puis, la fin reste ouverte. Selon que l’on
est optimiste ou pas… Et puis, si vous voulez des happy-end, vous n’avez qu’à regarder
les films de Reese Witherspoon.
Audrey : Bon les
questions qui fâchent. Moi j’ai trouvé que tu usais beaucoup trop du langage
familier et des terminologies américaines; et comme je suis une mauvaise
langue, je dirais que c’est pour plaire au plus grand nombre, pour « la
jouer commercial », pour plaire à ceux qui ne lisent pas souvent. Allez
vas-y défend ton travail, qu’aurais-tu à me répondre ?
Stephan :
Honnêtement, j’en sais rien. Sur le style, c’est venu naturellement, je ne me
suis pas forcé. Après, comme je l’ai dit plus haut, j’ai du mal avec une
certaine littérature trop conventionnelle et des phrases à rallonge. Je pensais
que tu allais plutôt me questionner sur la structure du livre qui, pour le
coup, est assez déstructurée. Paragraphes courts, ellipses, et flahs backs.
C’est même mon éditeur qui m’a demandé de rajouter des chapitres. Après, bien
sur qu’on veut plaire au plus grand nombre. Ceux qui me disent « j’écris
pour moi pas pour les autres » me font marrer. On court tous après une
reconnaissance. Parce qu’on veut tous être davantage aimé, respecté et considéré.
Ça c’est la vérité. Le reste, c’est du vent. Après, ça n’empêche pas d’être
sincère et vrai.
Audrey : Avec une
fin pareille, y aura-t-il une suite à Paris-Baltimore ?
Sur quel projet travailles-tu actuellement ?
Stephan :
J’ai commencé une suite à Paris-Baltimore parce que j’ai le sentiment d’être
passé un peu vite sur l’histoire d’amour avec Julia ou le parcours de Cal. Et
j’ai des idées de rebondissements. Mais tout ça n’est pas encore très
formalisé.
Après, j’ai bien avancé sur mon
second roman qui a pour toile de fond une NDE ou EMI (expérience de mort
imminente). Mais le livre ne sera pas du tout de la SF, simplement une comédie
dramatique. L’histoire d’un événement qui va bouleverser la vie d’un homme et
bousculer ses conceptions. Lui faire voir la vie d’une autre façon. Il y aura
toujours des ressorts comiques, car on peut faire passer beaucoup de choses par
l’humour. Souvent les situations comiques sont les plus dramatiques, à bien y
réfléchir…
Audrey : Qu’est-ce
qui t’a poussé à dresser le portrait d’un antihéros, d’un véritable « looser
attachant », plutôt que d’un héros qui va toutes nous faire rêver ?
Stephan :
Avant les héros étaient des hommes politiques, des chercheurs, des navigateurs,
aujourd’hui c’est les racailles, les bad-boys, ou les joueurs de l’équipe de
France de football… Dresser le portrait de quelqu’un à qui tout réussi ne
m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est les contradictions chez les autres
ou dans les personnages. Rien n’est ni noir ni blanc. Cal est peut-être un
salaud par certains côtés, mais il nous renvoie surtout l’image de nous-même.
Il est animé par des bons sentiments, mais cela se traduit tout autrement dans
la réalité. Il est faillible, c’est ce qui le rend humain, donc on peut se le représenter. Il
nous parle, enfin je crois. Et puis au bout du bout, il aura ce qu’il mérite.
Je sais c’est très Judéo-Chrétien dit comme ça, mais il y a un côté « rédemption »
dans tout ça. Et dans la suite aussi… ;- )
Audrey : Comment
as-tu abordé la sortie de ton roman numérique ? Comment se prépare la
future sortie papier ?
Stephan :
Le marché du livre ne se porte pas super bien. Et les éditeurs
« papier » hésitent de plus en plus à publier des inconnus ou des
premiers romans. La prise de risque financière est trop importante. Résultat, j’ai
l’impression que la littérature est de plus en plus « formatée » avec
les « majors » de l’Edition. Les livres se ressemblent.
Le
numérique permet la prise de risque chez les éditeurs. Résultat, de plus en
plus d’auteurs sont mis en lumière. Et donc des littératures différentes sont
proposées. J’ai profité de l’effet d’aubaine. Après, j’ai la chance que mon
éditeur (AKIBOOKS), numérique à la base, se mette aussi au papier.
Par
contre, ce qui me gonfle, ce sont ceux qui opposent systématiquement le papier
au numérique. Ceux-là se trompent de combat. Je me fous du contenant. C’est le
contenu qui m’intéresse. On peut boire de la piquette dans des verres en
cristal et un grand crû dans un gobelet,
non ?
La
promotion, par contre, est le plus difficile quand vous débutez, car vous ne
connaissez pas les codes, les rouages, et surtout vous n’avez pas le réseau. Et
puis, la lecture numérique plafonne encore en France contrairement aux pays
anglo-saxons. Heureusement, j’ai rencontré des « bloggers » sur le
net, essentiellement sur Twitter et un peu sur facebook. Des passionnés qui
cumulent souvent un job à temps plein, des contraintes familiales et autres
mais qui prennent le temps de lire. Et surtout de faire découvrir de nouveaux
auteurs, de tous les styles, toutes sortes de littérature. Par exemple, Cédric
alias @fnacbooker sur Twitter qui lit deux ou trois livres par semaine, les
critique toujours avec justesse et profondeur. Sans parler de toi Audrey et du
travail que vous faites avec Alily en faveur des livres.
Je
prépare aussi des participations à des salons du livre, qui permettra d’aller à
la rencontre des lecteurs. Le virtuel c’est bien, mais rien ne remplace le
contact, les rencontres improbables.
Audrey : Es-tu
présent, comme nombre d’auteurs, sur la « Blogosphère », toutes ces
pages où lecteurs, auteurs et éditeurs donnent leurs avis ?
Stephan :
Comme je l’ai dit tout à l’heure, je suis sur les réseaux, ebook oblige. Je suis
surtout sur Twitter (@s_pelissier). J’ai commencé sur ce réseau, c’est donc
plus familier pour moi. J’ai aussi une page facebook « Auteur »
depuis peu.
Mais,
je n’ai pas toujours le temps de parcourir les « profils » des
personnes qui sont abonnées à mon compte. C’est un peu frustrant. On peut
rarement nouer de vraies relations, mais ça arrive heureusement comme je l’ai
mentionné plus haut.
Audrey : Quel est
ton genre de lectures de prédilection ? Tes auteurs, ou titres
incontournables ?
Stephan : Je sais que je ne devrais pas dire ça, mais je suis plutôt
littérature américaine. Hémingway, Scott Fitzgérald,
Steinbeck, Tennessee Williams. Pour les plus récents,
Brett Easton Ellis, DeLillo, McInerney notamment.
Audrey : Ton
dernier coup de cœur ?
Stephan :
« L’homme qui tombe » de Delillo. Roman post 11 septembre. Un chef
d’œuvre également !
Merci
à Stephan Pelissier pour sa disponibilité !
Vous
pouvez le retrouver sur sa page facebook !
Excellent, cet article. On vit tous la même chose, hélas mais aussi heureusement.
RépondreSupprimerQui ose, gagne lit-on dans L'Affaire Harry Quebert de Dicker. Pelissier a osé, qu'il gagne.
Et le Delillo dont il parle est un véritable chef-d'oeuvre. A recommander sans hésitation.
Bonsoir Bénédicte, merci pour votre message très chaleureux, cela m'encourage à défendre encore plus Paris-Baltimore. Je vais découvrir Dicker que je ne connais pas. Merci encore, au plaisir, Cordialement, Stéphan
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