Aude Vidal-Lessard a 19 ans et est déjà publiée pour sa série de romans intitulée « Polux ». C’est un univers « Fantasy », dans un style simple, visant un public jeune… et pourtant du haut de mes vieilles années, je ne me suis pas ennuyée une seconde, et je me suis laissée portée par un récit envoûtant, où les personnages sont très attachants…
Aude a été adorable et n’a pas hésité à répondre présente lorsque je lui ai proposé de l’interviewer.
Audrey : Comme j’aime à le demander aux auteurs, comment t’y prends-tu pour écrire ? Quelles sont tes habitudes, tes moyens d’obtenir de l’inspiration…
Aude : Pour moi, il n’y a pas de solution miracle au syndrome de la page blanche. Quand je peux me le permettre – quand mes délais me le permettent –, je laisse simplement mijoter les idées durant un certain temps. Je prends une pause, qui n’en est une qu’à moitié en réalité, car même si je n’écris pas pendant quelques jours, je pense à mes textes jours et nuits. Il ne suffit parfois que d’un peu de recul pour trouver ce qui cloche, ce qui nous empêche d’avancer. Tout se fait beaucoup plus facilement par la suite.
Il m’arrive aussi de faire plusieurs versions d’un même paragraphe, voire d’un même chapitre. Tant que je ne suis pas satisfaite du résultat, je recommence, mais je n’efface aucune des nouvelles versions avant d’être certaine du choix que j’ai fait.
Sinon, en général, l’inspiration me vient plus naturellement une fois la nuit tombée. Il faut croire que je suis un oiseau de nuit, car parfois j’écris jusqu’aux petites heures sans avoir vu le temps passer !
Audrey : Est-ce qu’une personne t’aide pour écrire, te conseille, te donne des idées ?
Aude : Personne ne me donne d’idées ; elles me viennent toutes seules ! En fait, il m’arrive d’en avoir tellement que je dois les noter. J’ai d’ailleurs des pages complètes de notes, où figurent parfois des scènes entières que j’ai écrites à la va-vite, histoire de bien m’en souvenir pour le moment où je devrai les insérer dans le roman.
J’ai bien quelqu’un qui me conseille, toutefois. À toutes les dix pages, environ, elle lit ce que j’ai ajouté et me donne son avis sur la pertinence, la fluidité, l’intérêt, ce genre de choses.
Il reste qu’au final, je suis ma pire critique. Alors si je suis satisfaite de mon travail, les autres le sont généralement aussi.
Audrey : Racontes-nous comment s’est passé ton parcours de jeune écrivain afin d’être publiée ?
Aude : J’ai commencé à écrire à l’âge de 11 ans et, une fois lancée, impossible de m’arrêter. Je faisais lire tous mes textes à mes amis, qui me faisaient leurs commentaires et me demandaient toujours pour quand était la suite. Ce n’est que durant l’année de mes 16 ans que j’ai participé au concours littéraire Sors de ta bulle, qui s’échelonne sur toute l’année scolaire et à la fin de laquelle ceux qui le souhaitent remettent un manuscrit, qui sera lu par toute une équipe de juges. Pour ma part, j’ai remis le tome 1 de Polux, Le prince oublié. J’ai remporté le troisième prix, Mention spéciale. Bien sûr, j’en ai été très heureuse, mais cela ne me suffisait pas – cela m’a simplement donné assez confiance en moi pour que je retravaille mon texte pour ensuite le faire parvenir à différentes maisons d’édition. Ce que j’ai fait, en commençant par des éditeurs que je connaissais pour avoir déjà lu plusieurs de leurs ouvrages. J’ai finalement eu une réponse positive des éditions AdA Inc. en août 2011. Immédiatement, j’ai dû me mettre au travail avec le tome 2, L’œil de glace. Et enfin, à la fin du mois de mars, je pouvais voir mes deux premiers livres sur les étagères des magasins !
Audrey : Comment se passent tes journées, combien de temps consacres-tu à l’écriture, as-tu une activité parallèle ?
Aude : J’essaie de consacrer un minimum de deux heures par jour à l’écriture.
Je viens de finir mes études professionnelles, j’ai donc maintenant plus de temps à consacrer à l’écriture puisque mon cours est terminé.
Dans les moments de « rush », j’écris durant plusieurs dizaines d’heures par semaine.
Audrey : Comment t’est venue l’idée départ de cette série ?
Aude : Eh bien, la première série que j’ai écrite (et dont je travaille présentement sur la version 2.0) était racontée au « je », par une héroïne des temps modernes qui se trouvait dans le camp des « gentils ». J’ai voulu faire tout l’opposé, soit une narration à la troisième personne, avec un personnage masculin qui, techniquement, est du côté des « méchants », et où l’histoire se déroule dans un monde plus ancien et fictif.
Ensuite me sont venus les détails concernant Polux ; son physique, son histoire – je voulais un personnage sans attache, libre, qui n’aurait pas peur de se salir les mains. Tara est le deuxième personnage que j’ai imaginé. Étant une grande fleur bleue – avec une âme de féministe –, j’avais besoin d’un personnage féminin très fort pour mon roman. Je ne voulais pas d’une gamine pleurnicharde qui a besoin qu’on réfléchisse ou qu’on se batte pour elle. Alors quoi de mieux qu’une adolescente qui effraie même les guerriers les plus téméraires ? Les autres personnages ont suivi presque tout seuls, qu’il s’agisse d’Anouka ou de Castor.
Maintenant que j’ai quasi fini l’écriture des cinq premiers tomes, je m’aperçois que les choses ont dévié et qu’elles sont devenues légèrement plus compliquées que ce que j’avais prévu au départ : une histoire d’amour et d’action avec beaucoup de splash de sang…
Audrey : Pour quelles raisons avoir nommé les deux personnages masculins Castor et Polux ?
Aude : Le nom de Polux m’est venu en premier. Je cherchais toujours comment nommer mon personnage principal lorsque j’ai pensé au mythe de Castor et Pollux, qui est malheureusement très peu connu de nos jours. Alors que je connaissais déjà les grandes lignes de cette histoire à l’âge de dix ans, beaucoup de gens me disent encore aujourd’hui « Pourquoi appeler un personnage Castor ? ». Quand mon héros s’appelle Polux, il me semble que le lien est évident…
J’ai tout de même hésité un certain temps avant de m’arrêter sur ces prénoms – surtout à cause de Castor, d’ailleurs –, mais comme Polux collait vraiment bien à l’image que je me faisais de mon personnage, je me suis dit « Pourquoi pas ? »
Toutefois, même si c’est ce qu’on pourrait croire à cause de leur prénom, il ne m’est jamais venu en tête de faire une reprise du mythe original de Castor et Pollux. Car au fond, ce n’est qu’un autre combat classique du bien contre le mal.
Audrey : Quelles sont tes influences en littérature jeunesse ou autre?
Aude : La première série digne de ce nom que j’ai lue est la trilogie Silverwing, de Kenneth Oppel, et elle est définitivement une des meilleures séries que j’ai jamais lues. Le style de l’auteur est simple mais fluide, très détaillé et empli d’émotions. Je m’en inspire pour l’écriture, tout en forgeant mon propre style. Sunwing, le deuxième volet de la trilogie, est aussi un des premiers ouvrages à m’avoir émue aux larmes et si j’arrive un jour à faire pleurer quelqu’un avec mes livres… Eh bien j’aurai l’impression d’avoir accompli quelque chose de grand, car écrire une scène émouvante est bien plus difficile qu’on ne pourrait le croire.
J’admire aussi énormément Philip Pullman, l’auteur de la trilogie À la croisée des mondes. Mon style est plus près de celui d’Oppel que du sien, mais les écrits de Pullman m’ont tant marquée qu’il est impossible de prétendre qu’ils ne m’influencent pas dans mon écriture.
J’ai lu trop de livres et trop d’auteurs différents pour savoir qui est une véritable source d’inspiration et qui n’est qu’une idole, mais il est certain que ces deux auteurs ont changé ma perception de la littérature.
Audrey : Est-ce le climat du Québec qui t’a poussée à frigorifier les personnages dans le royaume du Nord ? T’es-tu inspirée de lieux que tu connais, la forêt par exemple ?
Aude : Je suppose qu’en effet, la région dans laquelle je vis m’influence, mais je n’en ai jamais vraiment été consciente. Pour ce qui est des différents Royaumes, je voulais simplement diviser l’univers en différentes régions, mais que cela reste simple. Les points cardinaux m’ont paru une bonne idée et je pouvais ainsi imaginer un physique particulier pour chacun des personnages venant des différents Royaumes.
Quant aux reliefs, eh bien je crois que tout le monde s’attend à voir de la neige au Royaume du Nord et du sable au Royaume du Sud. Pour le Royaume des Quatre, celui de l’Est et celui de l’Ouest, je m’imagine de grandes forêts car cela m’est simplement naturel. Toutefois, il est vrai que j’ai grandi en campagne, avec des champs et des arbres à perte de vue, alors cela a probablement joué sur mon imagination…
Audrey : Combien de tomes va comporter ta série Polux ? As-tu déjà une idée globale et une fin ?
Aude : J’ai prévu six tomes au total. Un septième, qui serait comme un « tome-épilogue », s’ajoutera peut-être, mais ce n’est encore pour l’instant qu’une idée et non un projet précis. Dans le sixième tome, je répondrai à toutes les questions qui n’auront pas trouvé de réponse plus tôt, mais avant j’ajouterai encore des mystères et des complications à l’histoire du Rôdeur. On en apprendra aussi sur tous les autres personnages qui ont été présent dans la série ; je prévois aussi de faire jouer un grand rôle à un personnage féminin que nous avons à peine aperçu dans L’œil de glace, et qui réserve pourtant bien des surprises !
Pour l’instant, je sais comment se déroulera la majeure partie du sixième et dernier tome – mais la fin est toujours dans le vague. Je sais quel genre de conclusion je veux écrire, je connais certains des éléments qui s’y retrouveront, mais j’ignore encore où j’apposerai le point final.
Audrey : Peux-tu nous donner quelques petits indices sur la suite de l’histoire ? Et bien sûr nous dire quand pourrons-nous trouver le tome 3 ? Moi il me tarde !!!!
Aude : Le tome 3 de Polux, qui s’intitule La pierre des mages, devrait être disponible en automne 2012. Si l’intrigue est assez simple dans les deux premiers tomes de la série, les choses commencent à se corser dans celui-ci. En plus des nouveaux personnages qui viennent ajouter du piquant à l’histoire, je développe un côté un peu plus psychologique dans mon écriture. Il y a toujours beaucoup d’action, mais cela ne se déroule pas uniquement à coups de poings et de tranchant de lame.
Dans les deux premiers tomes, je fais passer Castor pour le méchant. C’est vrai que je ne le dépeins pas comme une personne douce et attentionnée, mais peut-être n’est-il pas aussi cruel qu’on pourrait le croire, peut-être a-t-il quelque chose à cacher derrière son masque de haine et de mépris…
Certains aimeraient peut-être en savoir un peu plus au sujet de Tara ; eh bien un élément de son passé refera surface dans le tome 3, au plus grand plaisir des lectrices et au grand désespoir du Rôdeur !
J’espère que ce troisième volet plaira à tous mes – oserai-je le dire ? – fans !
Merci encore de jouer le jeu des questions pour Les livres d’Alily et Audrey, et bonne continuation !
Merci beaucoup à vous deux, j’espère que je vous donne le goût de poursuivre votre lecture !
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Franchement j'ai hâte de retrouver Polux et Tara...
RépondreSupprimerJe conseille à tous ceux qui veulent un petit format, léger à emporter en vacances, prenez avec vous Polux!
je rajoute que c'est extraordinaire de voir le travail, l'écriture et la disponibilité de Aude à seulement 19 ans... Ca promet pour la suite!
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