Interview avec Danielle Guisiano

Danielle Guisiano est une auteur que j'ai découvert il y a peu grâce à un partenariat. J'ai été très agréablement surprise par l'originalité et la qualité de cette courte série de deux romans  publiée chez Atine Nenaud: TOUCH.
J'ai donc été à la rencontre de cet auteur de talent. C'est avec un bel enthousiasme qu'elle a répondu à notre invitation de venir parler de son oeuvre sur notre blog.
Voici pour vous et encore un grand merci à elle.

Alily : Premièrement, les couvertures de Touch sont magnifiques, et invitent réellement à la découverte du contenu, avez-vous eu votre mot à dire dans leur conception?

Danielle : La couverture du Tome 1 a été proposée par l’éditeur mais j’ai tout de suite été impliquée dans le choix, j’ai soumis mes idées et mes desiderata (je voulais du rouge profond). Après concertation et quelques modifications, j’ai approuvé le résultat final, piano et violon intrinsèquement mêlés. En ce qui concerne celle du Tome 2, le travail a été confié à l’illustratrice « Miesis ». J’avais une idée très précise de ce que je voulais : une ambiance mystique illustrant le choix crucial de Lily. Je me suis rapidement rendu compte que je n’acceptais aucune proposition où l’héroïne était de face, nous avons donc choisi de la présenter de dos, laissant libre cours à l’imagination du lecteur.  Sylvie Veyres a parfaitement réussi à donner une âme à la couverture.

Alily : Quel a été le point de départ, le déclencheur de cette « aventure narrative »?

Danielle : Je ne peux pas parler de départ, d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu des images et des histoires qui me trottaient dans la tête. Effectivement, j’ai choisi un jour de les déposer sur du papier. Peut-être parce que les personnages de Lily et Jason m’éveillaient la nuit ? Les premières pages sont toujours un challenge, une confrontation avec soi-même. On les garde jalousement par devers soi pour s’en délecter, on écrit « son » histoire, celle qui nous germe dans l’esprit sans que l’on sache vraiment comment elle prend forme. Après un temps de maturation on se décide à partager, à demander un avis aux proches. Le retour d’autrui est un passage incontournable dans mon processus de création. Les avis étant enthousiastes, j’ai persévéré et TOUCH est né.

Alily : Pourquoi avoir choisi un thème autour des mythes Amérindiens ?

Danielle : L’idée d’une malédiction ancienne s’est ancrée très tôt dans le fil du récit, elle en est d’ailleurs le pivot essentiel. Pour cela il a fallu trouver une civilisation qui cultivait ce genre de rites tout en restant sur un contexte actuel. Très attirée par les croyances spirituelles de la préhistoire où l’animisme est très présent, j’ai transposé ce culte à des populations encore existantes, ayant un passé chargé de mythes et de légendes.  J’ai découvert avec passion les nombreuses légendes qui gravitaient autour des indiens d’Amérique et par extension ceux d’Amazonie.

Alily : Le genre, « romance paranormale », « fantasy », « mythologique », comment définiriez-vous le genre de votre récit, et pourquoi ce choix de genre ?

Danielle : Je qualifierai TOUCH de romance fantastique. Bien sûr, le tout est parsemé d’aventures, de légendes et de malédiction, la trame reste cependant une grande histoire d’amour qui lie les deux personnages principaux. Je ne pouvais pas écrire dans un autre genre que le fantastique, je dévore les Pierre Pevel, Robin Hobb, Gemmel et autres Pierre Bottero. J’aime les contes et les légendes qui ont bercées mon enfance. J’ai donc construit TOUCH comme un conte romantique mêlé de surnaturel.

Alily : Vous avez une très belle plume, il est très plaisant de vous lire. Avez-vous eu une formation littéraire particulière ?  Quel a été votre parcours?

Danielle : Mon parcours est plutôt succinct, je n’ai pas de formation littéraire. Je suis avant tout une lectrice passionnée, et amoureuse des belles phrases. J’affectionne particulièrement les romans dont la prose est poétique, comme celle de Patrick Rothfuss, et j’ai tout naturellement eu envie de reproduire ce genre d’écriture.

Alily : L’écriture est-elle votre activité à temps complet ? Combien de temps passez-vous à écrire ?

Danielle : L’écriture reste une passion et elle ne constitue pas mon activité principale. Je me réserve donc toujours un moment dans la journée (plutôt le soir) pour écrire, car il s’agit avant tout d’une discipline à garder pour ne pas perdre l’inspiration. Quelquefois la plume glisse toute seule,  d’autrefois il faut retoucher les écrits ou encore faire les corrections.

Alily : Quelle est votre principale source d’inspiration ? Vous faut-il vous mettre dans des conditions particulières, avoir des rituels pour arriver à trouver des idées ?

Danielle : Les sources d’inspiration sont multiples, des évènements dans la journée, des faits divers qui m’interpellent et abondent mes idées. Cependant, il faut reconnaître que c’est la musique qui déclenche le plus mon inspiration. Lorsque je cale un peu, j’ai deux méthodes : la première prendre le temps du recul et lire des auteurs que j’affectionne. En général, au bout de plusieurs pages de lecture, l’envie d’écrire me revient rapidement avec un style assez bien adapté. La deuxième méthode étant de se laisser glisser dans la rêverie en écoutant de la musique. Cela stimule aussi largement mon imagination.

Alily : En tant que blogueuse, j’aime aller à la rencontre des infos sur les auteurs et romans que j’apprécies, aller fouiner sur le net. J’ai ainsi lu que vous n’aimiez pas faire des séries à rallonge… Est-ce vrai, et pourquoi ?

Danielle : Oui, effectivement, j’ai du mal avec les sagas à rallonge, mais c’est mon côté « lectrice » qui parle. Le principal reproche étant que les personnages finissent par perdre de leur profondeur, sombrant dans des aventures de plus en plus rocambolesques. De plus, je trouve que certains auteurs font du « remplissage » et quelquefois deux tomes suffiraient largement aux trois  (voire quatre) que leur éditeur propose. Toutefois, certaines séries sont tout à fait réussies. Pour cela, il faut que l’auteur nous narre plusieurs histoires, avec d’autres personnages, qui finissent par se croiser, comme certains romans sur des dynasties familiales par exemple.

Alily : Il n’y a donc aucune chance qu’un prochain tome fasse partie de la série Touch ? Pas même une mince possibilité de voir un tome dédié à Graham (pour lequel j’ai craqué il faut l’avouer) ?

Danielle : Je n’ai pas pu m’empêcher de laisser une porte ouverte à la fin de TOUCH Réminiscence. Effectivement, le roman se prêterait à une suite mais comme vous le soulignez, avec d’autres personnages, notamment Graham. Ce ne serait pas une suite à proprement parler, car je ne reprendrai pas alors le titre de TOUCH (ce titre s’appliquant particulièrement à Jason). Beaucoup d’auteurs reprennent certains de leurs personnages dans d’autres de leurs fictions. Donc Graham pourrait bien réapparaître un jour, ailleurs…

Alily : Quels sont vos autres projets d’écriture ou autres ?

Danielle : Je travaille actuellement sur deux projets, le premier étant une romance d’époque dans l’Irlande du 18^ème siècle, mélange d’aventure, de passion et d’amour contrarié. Cette idée résulte des demandes des lecteurs suite à une petite nouvelle que j’avais écrite pour le concours « Erenn ».

Le second est un projet de plus longue haleine, un roman fantastique qui met en scène deux héros « différents » et prend naissance dans une base de la NASA suite à une disparition mystérieuse et inexpliquée. Pas de SF, mais plutôt une interprétation personnelle des mythes bibliques et de mythologie grecque au-travers d’une quête.

Alily : Avant Touch, aviez-vous déjà eu la chance d’être publiée ?

Danielle : TOUCH est mon premier roman publié. La quête de l’éditeur est toujours un parcours du combattant, j’ai reçu quelques refus jusqu’à la rencontre avec Atine Nenaud, toute jeune maison d’édition qui m’a proposé ses services. TOUCH représentait un challenge pour nous deux, et je peux dire aujourd’hui que le pari est réussi.

Alily : Beaucoup d’auteurs, désormais, utilisent le net pour aller à la rencontre de leurs lecteurs : les blogs, forums, pages facebook… Nombreux auteurs et maisons d’édition passent désormais par  là. Vous quelle place donnez-vous au net, au retour de vos lecteurs ? Allez-vous regarder les chroniques de vos livres, les avis, les commentaires ? Avez-vous des sites ou pages consacrées…

Danielle : Oh oui ! J’accorde énormément d’importance aux retours lecteurs, et quel meilleur réseau que le net ? J’aime dialoguer avec les lecteurs, recueillir leurs avis, tout cela ne peut aller que dans un but d’amélioration.  Je partage régulièrement les chroniques et commentaires traitant de mes romans sur ma page FaceBook, le seul site qui leur soit dédié. Atine Nenaud a d’ailleurs mis en place des partenariats avec des chroniqueurs pour recueillir leurs avis. De plus, je dois avouer qu’un certain prénom (Énora) dans le tome 2 a été choisi en accord avec certaines de mes fidèles lectrices, un clin d’œil à leur soutien.

Alily : Que lisez-vous en ce moment, quel est votre dernier coup de cœur ?

Danielle : Je reviens vers mes premières amours, en ce moment je lis Robin Hobb, la saga « Les cités des anciens ». Aucune surprise de ce côté-là : j’adore ! Je vais donc parler d’un autre coup de cœur, pour une toute nouvelle auteure Christy Saubesty et son formidable « Koldérick » qui fut une très bonne surprise de par la maîtrise de l’écriture et l’originalité du récit. Je ne peux que le conseiller.

Encore un grand merci à Danielle

et à très bientôt certainement pour de nouveaux titres!