mardi 5 mars 2013

Interview de Marilou Aznar, auteur de Lune Mauve.


J’ai donc été chanceuse j’ai découvert Lune Mauve en avance grâce à Babelio et son opération Masse critique.
J’ai la méchante tendance à voir les choses du mauvais angle, et je me suis dit « s’ils offrent ce bouquin, c’est soit par qu’il est moyen, soit qu’ils veulent faire un bon coup de promo avant sa sortie ». Oui j’avoue, j’ai mauvais esprit, une véritable peste.
Bref, je reçois le roman, le petit livret de presse qui va avec… Et je me lance. Petit à petit je suis agréablement surprise. Puis emballée. Et finalement enchantée.
Lune mauve est mon dernier coup de cœur jeunesse, une « petite perle », qui rejoint illico mes chouchous en littérature jeunesse. Ça m’apprendra à avoir mauvais esprit ! Et là, que du bonheur, je réalise que l’auteur est française et que je vais pouvoir lui dire tout le bien que je pense de son roman !
Ainsi, je suis allée à la rencontre de Marilou Aznar ! (Oui je suis méchante, mais je peux me faire sympa et convaincante dès qu’il s’agit d’obtenir une interview). C’est avec un plaisir fou que j’ai accueilli la réponse positive de Marilou de se soumettre à mes impitoyables questions.

Merci pour elle, et voici pour vous !


Audrey : J’ai fait un petit tour du coté de ton blog (http://bloglunemauve.wordpress.com/), 
et j’ai souri à l’article les « 5 conseils avant d’envoyer un manuscrit ». On sent le vécu, l’expérience… Comment s’est passé ton parcours entre l’idée d’écrire et la publication chez Casterman ?

Marilou : Lune Mauve est mon premier roman.
Le projet d’écrire un livre me trottait dans la tête depuis longtemps, mais je ne m’y étais jamais vraiment attelée. Un jour, je me suis lancé un défi, et j’ai écrit les premières pages de Lune Mauve. L’histoire était encore très floue à ce moment-là, j’avais des images en tête, une fille sur une falaise, une mère disparue, et bien sûr une lune mauve… J’ai ensuite écrit la fin et quelques scènes qui étaient déjà très précises en moi, puis j’ai fait une pause pour remettre le scénario à plat et faire un synopsis ce qui allait vite devenir la trilogie. Quand j’ai terminé mon premier jet, je l’ai fait lire autour de moi, et grâce à ce retour précieux, j’ai corrigé les incohérences, les passages peu clairs, les fautes de syntaxe et d’orthographe, etc. Ensuite, j’ai envoyé mon manuscrit aux dix éditeurs jeunesse les plus connus.

J’ai eu plusieurs refus type, des lettres me suggérant des modifications et finalement, j’ai signé un contrat avec Casterman.

Audrey : Dans ce fameux article, tu évoques le fait de se renseigner en librairie et sur le Net, à propos des livres qui font l’unanimité, qui remportent un succès auprès des lecteurs ! On  voit bien que l’avis des lecteurs t’importe. Comment vas-tu à leur rencontre ?

Marilou : Effectivement, l’un de mes conseils est de lire beaucoup, et notamment les livres que publient nos éditeurs préférés. L’idée n’est pas du tout de copier les best-sellers et d’écrire une histoire en fonction d’un hypothétique lecteur, mais de comprendre les mécanismes de la fiction, le travail sur la psychologie des personnages, sur l’émotion du récit, sur le style, etc., et de mettre ces techniques au service de notre imaginaire, de notre univers unique.
Mais il est vrai que je ne peux m’empêcher de me mettre à la place du lecteur quand j’écris. Je suis ma pire critique, ennuyer le lecteur est pour moi un crime (presque) impardonnable ! C’est comme ça que je conçois l’écriture, comme quelque chose qui partage. L’auteur ouvre les portes de son monde intérieur en espérant que d’autres aient envie de s’y perdre.

Je commence tout juste à aller à la rencontre des lecteurs pour la bonne et simple raison que jusqu’à ces dernières semaines, très peu de gens avaient tourné les pages de Lune Mauve. J’ai créé un blog et une page Facebook pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur mon univers, et je suis ravie d’avoir des retours (quels qu’ils soient) sur le livre !

Audrey : Allons-y, rentrons dans le vif du sujet, le roman ! L’ambiance « impitoyable » de Darcourt notamment. On sent bien que le lycée n’est pas loin de toi… il t’en reste des séquelles. Lesquelles ?

Marilou : Je suis loin d’avoir séjourné dans une jungle aussi impitoyable que celle de Darcourt. Mon lycée était un lycée de province bien plus tranquille. Mais je crois que, quel que soit l’établissement, il s’instaure toujours une hiérarchie sociale assez brutale entre les adolescents et chacun cherche à trouver une place pas trop éloignée du soleil de ce système. J’ai essayé de traduire ce mal-être, ce sentiment de vouloir changer de peau que peuvent parfois ressentir ceux qui sont un peu à l’écart.

Audrey : Séléné Sigismonde (oui, je me fais plaisir, j’écris les deux noms) est une héroïne qui sort de nos clichés en lecture jeunesse. Quelles ont été tes attentes concernant ton héroïne ?

Marilou : La mère de Séléné a disparu lorsqu’elle était enfant, et cette blessure ne la quitte pas. Elle vit seule avec son père, un professeur de littérature un peu excentrique qui l’a maintenue éloignée des réseaux sociaux et des loisirs des ados de son âge. C’est une fille sauvage, secrète, un peu hors du temps, sa vie est comme en suspens. Son arrivée à Darcourt va la sortir de sa coquille, et même si le processus est douloureux, la forcer à grandir et à affronter les évènements qui vont s’enchaîner.

Audrey : Le roman est d’après moi évolutif. Les trois parties sont réellement distinctes et suivent un chemin qui amène l’héroïne, et nous, pauvres lecteurs, vers une intrigue progressive. J’ai eu l’impression que tu avais déjà écrit toute la trame, que toute l’histoire était bouclée et que tu nous en donnais une introduction. Est-ce cela ou rien n’est encore très figé ?

Marilou : J’ai en effet une idée assez précise d’où je veux aller dans la trilogie, même si les personnages nous jouent parfois des tours. Il m’est arrivé plusieurs fois de modifier l’action au cours de l’écriture. Les meilleures idées viennent souvent en écrivant et il est illusoire de vouloir tout planifier.

Audrey : La question qui tue, comment réussir à mettre en place une intrigue « fantasy » sans tomber dans le « déjà vu ». Comment inventer tout un univers, évoquer des noms de lieux aussi parlants et pourtant uniques ?

Marilou : J’adore les civilisations anciennes, et je voulais que l’élément fantastique de Lune Mauve repose sur une base historique (il n’y a pas de magie, pas d’elfes). L’univers imaginé empreinte ses codes à la Babylone antique. Il intègre les coutumes, l’architecture et les dieux de Sumer (Ishtar, Marduk, etc.). C’est un monde parallèle où cette civilisation s’est développée sous l’influence d’une lune révérée comme une divinité.

Audrey : Transition toute faite, parle-nous de tes inspirations littéraires en jeunesse, fantasy ou autre ?

Marilou : J’avoue que je ne suis pas une grande fan de fantasy : je n’ai lu que Le Seigneur des Anneaux et Games of Thrones. Quand j’étais enfant, je lisais beaucoup de classiques (Dumas, Hugo, Théophile Gauthier, les sœurs Brontë, etc.), de littérature jeunesse (Enid Blyton, Frances Hodgson Burnett, Louisa May Alcott, les Alice, Le club des Cinq, les Fantomette, etc.) et des œuvres fantastiques et gothiques (le Dracula de Bran Stoker, les livres de Sheridan le Fanu, Frankenstein, les contes d’Allan Edgar Poe)… 

J’ai d’autres influences aussi, visuelles, comme Blade Runner, Dune, Star Wars, Indiana Jones, Albator

Audrey : La question perso, combien de temps passes-tu à écrire, quels sont tes rituels, les habitudes qui te mettent dans l’ambiance ?

Marilou : Cela dépend. J’essaye d’écrire tous les jours, mais ce n’est pas toujours possible. Je me méfie des rituels, j’aurais plutôt tendance à vouloir désacraliser l’acte d’écrire. Je peux écrire partout, sur un coin de table avec les dessins animés de mes enfants en fond, sur la plage, je n’ai pas besoin de grand-chose, à part d’une perfusion de caféine. J’aime aussi écrire la nuit. Parfois, j’écoute mes morceaux préférés à fond avant d’écrire mais surtout pas pendant, cela me sort du texte.

Audrey : Impossible de ne pas évoquer mon cheval de bataille, la couverture. Oui, je suis impitoyable envers toutes ces mauvaises illustrations et surtout ces quatrièmes de couverture qui en disent trop ou disent n’importe quoi. Là, rien à dire, impeccable. Quelle a été ta participation dans ce travail ?

Marilou : C’est toujours l’éditeur qui tranche au final, mais j’ai eu le privilège d’être impliquée dans le processus (cela me tenait très à cœur). On m’a permis de soumettre des idées (inspirées de ma page Pinterest) et de faire des remarques. La (très talentueuse) directrice artistique de Casterman a ensuite présenté plusieurs projets, et le résultat final nous satisfait tous et correspond parfaitement à l’ambiance du livre, en ce qui me concerne.

Pour la quatrième de couverture, l’équipe éditoriale souhaitait donner la parole à Séléné. C’est une excellente idée. L’extrait choisi plonge le lecteur dans l’ambiance et reflète bien les différentes facettes de l’histoire, je crois.

Audrey : Pourrons-nous avoir la chance de te rencontrer prochainement, en dédicace, au Salon du Livre ou ailleurs ?

Marilou : Je serais en effet en dédicace au Salon du Livre de Paris le dimanche 24 mars de 14 h à 16 h sur le stand Casterman. 
Le lundi 25, je participerai à une table ronde consacrée aux héroïnes jeunesse sur la P’tite Scène du salon de 15 h 30 à 16H30. Ensuite, je passerai sur le stand de Casterman pour une deuxième séance de dédicaces jusqu’à 18H30.
Je serais aussi à la libraire L’Arbre à Lire (Sartrouville) le 6 avril à 14 h

Audrey : La question pratique, à quand le tome 2 ?

Marilou : La sortie du tome 2 de Lune Mauve, l’Héritière, est prévue pour mai ou juin 2013.

Audrey : La question que tout le monde attend — pardon que toutes les lectrices attendent — trouverons-nous encore de beaux garçons mystérieux ?

Marilou : Oui, bien sûr ! Et aussi des membres d’une secte sanguinaire, une généticienne roumaine, un dandy originaire du Sri Lanka, une prêtresse d’Ishtar, et toujours Séléné, Nora, Carbone le chat, Julien, Alexia, Custines la prof sadique, Scarlett, Thomas et la fille aux cheveux gris…

Audrey : La dernière question posée à tous les auteurs harcelés par mes soins, quel a été ton dernier coup de cœur littéraire ?

Marilou : Je suis une lectrice très éclectique, et je dévore énormément de livres (en français et en anglais (je n’ai pas la patience d’attendre la traduction !))  
Les derniers livres que j’ai adorés sont :
Special Topics in Calamity Physics (La physique des catastrophes) de Marisha Pessl (dont j’attends le prochain livre avec impatience), Freedom de Jonathan Franzen, et Gone Girl (Les apparences) de Gillian Flynn.
En jeunesse : les Hunger Games de Suzanne Collins, Warm Bodies (Vivants) de Isaac Marion, et Shades of grey (La Tyrannie de l’Arc-en-ciel) de Jasper Fforde.

Un grand Merci.

Merci à toi !!

J’ai encore tant de questions… Mais j’ai peur de trop en dévoiler sur le roman. Je vais les garder pour la sortie du tome 2 ! RDV à prendre !

J’espère que comme moi vous serez sous le charme de Lune Mauve, et si vous ne l’avez pas encore découvert, foncez !

Retrouvez la chronique de Lune Mauve Ici

6 commentaires:

  1. cool cette interview!Ca me donne bien envie en tout cas de me lancer dans cette lecture.....Je souhaite à Marilou Aznar de se faire une place dans ce métier et merci Audrey pour m'avoir fait découvrir cette auteure.....

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  2. Twix, ravie si je peux faire plaisir et partager...

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  3. super ta chronique audrey!! oublie pas de me faire passer le livre il a l'aire super!! :)
    bizz

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  4. super ta chronique audrey!! oublie pas de me faire passer le livre il a l'aire super!! :)
    bizz

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  5. bon après 40p j'arrive pas à me faire au style, je vais essayer de continuer mais c'est pas gagné !

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  6. j'ai lu 200p finalement et trop mou pour moi

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