La Fille-Sortilège

Résumé:

La Cité des Six est une des plus puissantes Cités-États de l’Entre-Terre. Six Clans se la partagent et, grâce à la Magie, rien n’y manque.
Bannie, Érine vit chez les orklas, en marge de la ville. Elle subsiste en déterrant des cadavres sans savoir à quoi ils servent, ni à qui ils profitent.
Le jour où l’homme qui la paie disparaît, sa vie bascule. Entraînée malgré elle dans une histoire qui la dépasse, Érine va peu à peu découvrir le sombre secret que cache la Cité…

L'avis d'Audrey:

Vous connaissez déjà peut être Marie Pavlenko, auteur du "Livre de Saskia", sa plume fluide et entraînante,  ses histoires magiques et bouleversantes...

J'ai retrouvé dans ce titre des choses qui font sa marque de fabrique, les chapitres, découpés en paragraphes plus ou moins longs. La poésie des descriptions, la force des émotions, la finesse de l'écriture...

Et pourtant "La fille-Sortilège" est réellement un roman à part, original, bien particulier, qui nous imprègne d'une force, de sa magie propre.

Marie Pavlenko a choisi de nous plonger dans une atmosphère purement Fantasy. On y retrouvera certainement certaines influences. Son roman est ciblé "young-adult", cependant j'ai envie de dire, qu'il est certainement plus "adult" que "young"... Adulte pour la maturité de ses personnages, pour la force et l'intensité des émotions, pour la tragédie qui se déroule sous nos yeux, pour le message politique et social que l'on peut voir derrière. Bref un roman de fantasy jeunesse, riche intelligent et mature!

Revenons à l'intrigue. Comment la résumer, il se passe tant de choses, tant d'actions, de rebondissements, de révélations...violences, tortures, morts, émeutes... tout y est pour nous plonger dans une histoire sans répit. Du début à la fin nous sommes tenus par ce récit, nous sommes plongés dans une atmosphère, un décor bien particulier, celui de la "Cité des Six".

Ainsi, nous suivons l'aventure d'Erine, une jeune fille de 21 ans, forte et rebelle, un personnage comme on aime en lire. Le genre d'héroïne à qui on aimerait ressembler, avoir la même force de caractère pour surmonter les épreuves. Erine est coupée de sa famille, de tout confort depuis qu'elle a choisi d'intégrer un autre clan que le sien à la cérémonie des échanges. Cette demande lui a été refusée, dès lors, à à peine 17 ans, elle est devenue une bannie, trouvant refuge chez les orklas "les hors clan", dans cette vie de débrouille, de violence et de faim. Elle tombera sur Malcor, il deviendra sa nouvelle famille, son compagnon, celui qui l'aidera dans cette nouvelle vie. Le roman commence alors que Malcor vient de mourir, Erine est de nouveau seule... Enfin pas tout à fait, il y a ses voisins, mais surtout un gamin des rues qu'elle a recueilli, Arkadi, lui aussi un banni. A eux deux, ils devront déterrer des corps pour survivre et se retrouveront dans une terrible machination...

La force de leur relation, est magnifique, ces deux êtres qui luttent chaque jour pour survivre, pour manger, ont lié une complicité très forte, tel frère et soeur, ils feraient tout l'un pur l'autre. 

Marie Pavlenko malmène ses personnages du début à la fin. La richesse de l'intrigue est immense, on n'en finit plus de retenir notre souffle suivant pas à pas Erine et Arkadi dans cette aventure. Mais surtout, on souffre avec eux, l'auteur ne nous épargne aucun détail, aucune description difficile sur les corps, les blessures, les tortures... on ne fait pas dans la dentelle... il y aura des morts et tout paraît   logique et vraisemblable. La guerre c'est laid. Les difficultés d'un peuple qui souffre ce n'est pas un conte de fée. Et Marie veut nous le montrer avec justesse. On est très loin de certaines lectures jeunesses très enrobées dans le sucre!

Effectivement, on en prend plein la tête.

Je n'ai pas pu m'empêcher de trouver certaines influences littéraires que j'affectionne particulièrement. La cérémonie des échanges m'a fait pensé aux "âmes croisées" de Bottero, la fin également, un peu... Je n'ai pu m'empêcher de penser aussi à cette cérémonie des factions dans "Divergent". Erine par cette force de caractère, cette lutte dans la survie, cette dure lucidité, m'a rappelé Katniss dans "Hunger-games". Et puis, pour le côté fantasy, j'ai retrouvé un peu de l'ambiance des romans de Robin Hobb, notamment pour cette cité perdue décrite dans "Retour au pays". Ce n'est pas un reproche, j'ai beaucoup apprécié retrouver un peu de mes lectures bien remaniées, jamais imitées!

En bref, un livre jeunesse étonnant, original, qui nous sort de tous les clichés actuels. Une belle "tragédie fantasy"! Seul bémol, trop de souffrances! Cela ne m'empêche pas de lui donner un coup de coeur.

Marie, le prochain roman je veux de la romance à outrance enrobée dans de la guimauve, juste pour voir si tu en es capable? 

Même pas cap!