jeudi 2 mai 2013

L'extrait du moment

Allez un petit peu d'humour, de grincement de dents.
Voici un extrait d'un ouvrage qui change beaucoup de ce qui est publié en jeunesse à l'heure actuelle, et ça fait un bien fou!!!


Premières pages de La fille seule dans le vestiaire des garçons, de Hubert ben Kemoun



« Je tendais ma main vers mon sac ouvert et lui ses lèvres vers les miennes fermées.
- Sur la bouche ! a-t-il précisé, en avançant ses lèvres, certain de son bon droit.
Et il a brusquement tourné le visage pour que nos deux bouches s’effleurent.
La paire de baffes est partie d’abord, et mon pied immédiatement ensuite. Un penalty particulièrement bien placé. Un belle paire de baffes. Une sonnante et trébuchante, surtout pour Enzo. Il s’est affalé par terre, le souffle brusquement coupé. Il a fallu que Bastien et Mounir se précipitent vers lui pour le relever du morceau de trottoir où il venait de se plier comme pour une prière.
Je respirais comme un animal et me sentais prête pour continuer la série de tirs au but, bien au-delà du temps réglementaire  C’était disproportionné, Enzo hors-service pour le moment, mais je prenais sur moi pour ne pas lancer à nouveau mon pied au gré  de ma colère.
- T’es complètement tarée, Marion ! Il voulait juste te faire un smack sympa ! a plaidé Mounir en avocat de son copain qui peinait toujours à retrouver la respiration.
- Ses smacks, sympas ou pas, il se les ravale et il s’étouffe avec ! j’ai hurlé en reculant d’un pas ou deux pour prévenir toutes représailles d’Enzo, du moins quand il aurait récupéré son souffle et lâché son entrejambe.
Rapidement mais maladroitement, j’ai ramassé mon sac, qui gisait comme un chat mort à leurs pieds. Je me suis dépêchée de fourrer dedans le classeur, les bouquins, la trousse et toutes les babioles qui s’étaient complètement éparpillées jusqu’au caniveau et aux piliers de l’arrêt de bus.
- T’aurais pu le tuer ! C’est fragile les… C’est vachement fragile, les… !
Bastien qui venait de prendre le relais à la barre n’arrivait pas à trouver les mots pour parler de ce que Enzo continuait à masser.
- Moi aussi, je suis fragile ! j’ai craché.
Je n’ai pas pu en dire plus, je sentais mes larmes monter.
Ne pas m’excuser, ne pas leur donner l’impression du moindre regret, ne pas baisser les yeux, et freiner ces cochonneries de larmes qui gonflaient.
Je restais là, debout à l’arrêt de bus. Je crois que j’attendais juste de savoir si Enzo allait vivre ou mourir. »

Pages 16-17-18

5 commentaires:

  1. Ca me donne envie de le lire !!!

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  2. Et c'est pas les plus terribles. il y en a de beaucoup plus sympas et pimentées, mais je ne voulais rien dévoiler.

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    1. ah franchement j'aime bien.Je vais peut-être me laisser tenter.....Pas mon style de lecture habituelle mais pourquoi pas?

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